Les pompes à chaleur n’ont plus la cote. Un an après l’annonce de Macron d’en produire un million en France dès 2027, les ventes s’effondrent et les usines tirent la sonnette d’alarme. Jugées de mauvaise qualité et trop chères, les Français leur préfèrent à nouveau les chaudières à gaz.
Des pompes « made in China » de mauvaise qualité
N’en déplaise à l’exécutif, une filière industrielle ne se crée pas en quelques mois. Les pompes à chaleur n’échappent pas à la règle et leur introduction brutale sur le marché depuis un an, à grands coups de milliards de subventions, laisse déjà des traces d’amertume chez des utilisateurs désabusés. Résultat, les malfaçons sont légion et nombre de plaintes se font jour contre des problèmes de fonctionnement et d’entretien : difficultés de mise en route, pannes, durée de vie limitée le plus souvent à moins de trois ans, professionnels d’entretien et de dépannage incompétents… Selon une enquête du média Que choisir, c’est près d’un tiers des utilisateurs qui se plaint d’avoir dû faire réparer sa pompe au moins une fois avec un prix moyen de réparation allant de 1 500 € à 10 000 €. De quoi refroidir les plus enthousiastes !
Mais comment expliquer la mauvaise qualité des pompes à chaleur dans une filière qu’on présente pourtant comme un des fers de lance du « made in France » ? Comme c’est souvent le cas dans les industries de la transition énergétique, la majeure partie de la chaîne de valeur se trouve en fait en Asie. Les unités de production françaises ne sont que des assembleurs de composants asiatiques, et notamment des compresseurs – essentiels au fonctionnement des pompes -, qui proviennent de Chine. La filière française est encore mal organisée et manque cruellement de matériels compétitifs fabriqués sur son sol.
Performances énergétiques décevantes
D’après la même enquête, 30 % des personnes qui ont installé chez elles une pompe à chaleur n’ont pas vu leur facture de chauffage baisser. Pire, certains ont même vu leur note de fin de mois gonfler depuis qu’ils ont opté pour ce mode de chauffage qu’on leur avait pourtant présenté comme économique. Un problème souvent dû au manque de main d’oeuvre qualifiée, nombre d’installateurs sous-estimant les dimensions des logements ou surestimant leur isolation. En cas de surdimensionnement, c’est-à-dire quand la pompe est trop puissante pour le volume à chauffer de la maison, le compresseur s’use rapidement et les frais de réparation sont conséquents. Tandis qu’à l’inverse, quand l’espace est sous-dimensionné, la maison est sous-chauffée. Au plus froid de l’hiver, le manque de puissance de la pompe est pallié par l’appoint électrique qui fonctionne à plein régime…
Les dernières études montrent que 27 % des travaux d’installation financés par le programme public de subventions MaPrimeRénov’ ne sont pas conformes, que ce soient en raison de diagnostics de performance énergétique erronés ou de travaux d’isolation bâclés voire inutiles. Rien d’étonnant dès lors à ce que les gains énergétiques réels prévus par le programme soient en moyenne 50 % inférieurs aux conjectures initiales.
Des prix dissuasifs
Aussi, le chauffage à gaz a-t-il retrouvé ses lettres de noblesse dans la clientèle française. « Au moment de renouveler leur appareil de chauffage, les ménages vont au plus simple et au moins onéreux », explique le président d’Uniclima, Stanislas Lacroix. Et pour cause : les chaudières à gaz, y compris les plus performantes, sont en moyenne trois à quatre fois moins chères que les pompes à chaleur. L’installation d’une pompe coûte entre 12 000 et 18 000 € contre 4 000 pour une chaudière à gaz. Dans un contexte de contraction du pouvoir d’achat et de crise de l’immobilier, l’argument est de taille…
Si au moins les fortes subventions publiques prévues pour combler ce différentiel étaient facilement accessibles. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas. Que ce soient le dispositif MaPrimeRénov’ ou celui des CEE, les aides sont peu lisibles et mouvantes. Par conséquent, le marché a naturellement dévissé et affiche des prévisions de ventes nettement inférieures à celles de l’année dernière. Le seul marché des pompes à chaleur air-eau pourrait être divisé par deux d’ici 2025.