Après les fortes hausses passées, votre facture devrait de nouveau augmenter de 16 euros par an en 2021. Mais pour quelles raisons, exactement ? Décryptage.
Un surcoût annuel de 50 euros au total
Encore une ! Au total, sur ces dix dernières années, on a assisté à une explosion de 50 % du coût de l’électricité en France. Le coût de l’électricité va augmenter une nouvelle fois, après les deux précédentes annonces des mois passés.
Cette fois, tablez sur une augmentation de 1,73 % des tarifs à compter du 1er février prochain, soit 16 euros de plus par an sur votre facture d’électricité. Au total, le surcoût annuel devrait friser les 50 euros. Mais pour quelles raisons ?
Ce sont dans les chiffres internes, confidentiels mais pourtant parus dans les médias, de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) que l’on peut en trouver l’explication. La fourniture du courant, sa production et sa commercialisation, représentent environ 34 % de ses coûts, l’acheminement via le réseau 33 %, loin devant la TVA (environ 14 % du coût), la contribution au service public de l’énergie (environ 11 %), la taxe communale et départementale sur la consommation finale d’électricité (près de 5 %) et enfin une contribution tarifaire d’acheminement (près de 4 %), servant en fait à financier l’assurance vieillesse des personnels des industries électriques et gazières.
Un manque à gagner de 553 millions d’euros
Première raison de cette augmentation du coût de l’électricité : la hausse de ses coûts de production, tout simplement. Tous les prix des matières premières sont à la hausse : pétrole, gaz, charbon. Les quotas de CO2 voient même leur coût augmenter de 20 %.
À cela s’ajoute le rattrapage lissé sur deux ans des tarifs, suite au mouvement des Gilets Jaunes, lors duquel une hausse des tarifs de 5,9 % avait été momentanément gelée sur le premier semestre 2019. Un gel qui aura représenté un manque à gagner de 553 millions d’euros pour EDF.
Par ailleurs, la demande croissante en électricité des fournisseurs dits « alternatifs » (Total Direct Energie, Engie…) fait aussi grimper les prix. En effet, ceux-ci sont de plus en plus gourmands en électricité d’origine nucléaire.
Or, afin d’éviter toute distorsion de concurrence, EDF est contraint de revendre à un prix fixe de 42 euros/ MWh) une partie de la production de ses centrales nucléaires. Selon cet Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), 100 / TWh par an doivent être réservés à ces fournisseurs alternatifs, alors que la demande ne fait qu’augmenter.
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Une explosion des impayés
Pendant que les tarifs réglementés de l’électricité devraient donc augmenter de 1,7 % au 1er février prochain pour les particuliers, la hausse devrait carrément être de 3,02 % pour les clients professionnels. Une mauvaise nouvelle alors que l’économie française est tout sauf au beau fixe entre pandémie, confinements et couvre-feu.
D’ailleurs, paradoxalement, la CRE invoque pour justifier cette hausse « l’évolution des coûts de commercialisation due aux effets de la crise sanitaire liée au Covid-19 ».
En effet, une partie de cette hausse des tarifs s’explique selon la CRE par le fait que les impayés ont littéralement explosé l’an passé du fait de la crise du Covid-19. Ainsi, 17 % des clients professionnels affichaient des retards de paiement.
Un chiffre qui ne devrait sans doute pas retomber dans les mois à venir, qui plus est avec des tarifs à la hausse.