Publié le 13 décembre 2021, un rapport de l‘Institute for Agriculture and Trade Policy (IATP) dénonce, chiffres à l’appui, les émissions de gaz à effet de serre des géants européens de la viande et des produits laitiers. Mis à part user du greenwashing, ces entreprises -dont Lactalis, Danone, Bigard et Bongrain- ne feraient rien de réellement concret pour réduire leurs émissions de CO2.
Ces entreprises françaises qui émettent des gaz à effet de serre
Si l’industrie pétrolière est responsable des émissions de gaz à effet de serre, elle n’est pas la seule. Selon un rapport de l‘Institute for Agriculture and Trade Policy (IATP) publié le 13 décembre 2021, les géants européens de la viande et des produits laitiers ont aussi leur part de responsabilité. À eux seuls, vingt poids lourds de ce secteur produisent l’équivalent de plus de la moitié des émissions du Royaume-Uni, de la France et de l’Italie. Par ailleurs, les trente-cinq plus grandes entreprises sont responsables de 7 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne.
Sur l’ensemble des entreprises qui ont été passées à la loupe par l’IATP, la Française Lactalis – qui fabrique les produits Président, Bridélice, La Laitière, Lactel, Kit Kat ou Salakis – se trouve en tête des plus polluantes. En 2018, elle a émis 30,1 millions de CO2. Arrive ensuite Arla Foods avec 22 millions de tonnes de CO2 puis Nestlé et ses 21,6 millions de tonnes de CO2. Le bonnet d’âne continue pour les entreprises avec Danone (13,5), Bigard (9,9), Sodiaal (7,7) et Bongrain (6,4).
Alors que la consommation de porc n’a pas augmenté depuis quinze ans, que celle du boeuf et des produits laitiers est en baisse et celle du poulet en légère hausse, comment expliquer que les émissions de gaz à effets de serre liées à ce secteur augmentent ? L’explication se trouve au niveau des exportations de l’Union européenne avec une augmentation de 93 % pour la volaille, de 45 % pour les produits laitiers et de 58 % pour le porc.
Du greenwashing pour cacher la réalité
Résultat, en termes d’émission de CO2, ce secteur est capable de rivaliser avec les géants des combustibles fossiles. Mais malgré ces chiffres alarmants, aucune de ces entreprises ne manifeste « son intention de réduire le nombre de têtes de bétail dans sa chaîne d’approvisionnement, d’où proviennent 90 % des émissions du secteur de la viande et des produits laitiers, » analyse le rapport. Pire, elles « noient dans un écran de fumée verte les répercussions de ce secteur sur le changement climatique ».
Bien que la moitié des plus grandes entreprises des secteurs de la viande et des produits laitiers ont annoncé des objectifs climatiques, « ces programmes volontaires s’appuient sur une série de stratégies visant à enjoliver leur action en faveur du climat, » dénonce le rapport. Elles ont recours au greenwashing et usent de diverses stratégies comme détourner le discours sur l’agriculture régénérative et l’agroécologie ; utiliser dans l’alimentation du bétail des additifs censés réduire les émissions de méthane, sans réelle preuve scientifique, etc. Leur autre ligne de défense consiste également à faire porter la responsabilité sur les éleveurs et les consommateurs.
Le rapport appelle donc aux « bonnes volontés pour transformer à la fois la destination des fonds publics et les politiques climatiques et agricoles afin de favoriser la transition vers l’agroécologie ». Ce changement ne pourra pas avoir lieu « si les géants du secteur de la viande et des produits laitiers continuent à récupérer et détourner les discours des gouvernements et de la société civile […] Cela ne se produira que lorsque les gouvernements commenceront à réglementer l’agrobusiness ».
Illustration bannière : Élevage et greenwashing font bon ménage – © Lazhko Svetlana
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