Élevage de lapins, une vie en enfer : une enquête de Pierre Rigaux chez un des leaders français

C’est dans une vidéo, publiée sur Youtube le 16 octobre 2022, que Pierre Rigaux, écologiste et fondateur de l’association Nos Viventia, dénonce les pratiques de la Coopérative des producteurs de lapins du Bocage (CPLB). L’une des plus importantes de France et qui, selon l’enquête, aurait en son sein des éleveurs qui ne respecteraient pas la loi. Mais Nos Viventia pointe du doigt la CPLB elle-même, les éleveurs ayant « pieds et poings liés ».

Un processus industriel d’élevage de lapins

Dans la vidéo (attention images difficiles), une enquête réalisée durant plus d’un an et présentée par Pierre Rigaux et l’animateur Eric Antoine, sont révélées les pratiques de la CPLB. Filmée dans six exploitations, souvent en caméra cachée, elle dévoilerait un processus plus proche du domaine industriel que du domaine agricole. « Ce qui m’a le plus frappé, c’est la situation des éleveurs sur le plan humain. Ils ne sont plus du tout des paysans, ils appliquent un process industriel qui leur est donné par la coopérative », explique sur France 3 Nouvelle Aquitaine Pierre Rigaux, dédouanant ainsi les producteurs.

Car ces derniers ne peuvent faire autrement que se plier à ce que demande la coopérative : « en amont, la coopérative leur fournit la semence des lapins mâles et les lapines femelles, qui ont tous été sélectionnés génétiquement. Et en aval, l’abattoir leur achète les lapins aux kilos. » Si les lapins ne respectent pas la taille, le poids… ils ne sont donc pas achetés. Ce qui oblige les éleveurs à des pratiques ne respectant pas le bien-être animal. Or la loi est claire : les lapins sont « des êtres vivants doués de sensibilité », et doivent donc être traités comme tels.

© capture vidéo Nos Vivencia

Pierre Rigaux, naturaliste détesté des chasseurs

Naturaliste et membre de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM), Pierre Rigaux se consacre à l’observation et à la protection des mammifères, et en particulier du loup, ainsi qu’à la lutte contre la chasse – interview –

La CPLB admet des problèmes, la filière se défend

Lapins entassés dans les cages, carcasses et même des lapereaux jetés vivants au lieu d’être tués… Les images horribles se succèdent dans cette vidéo de Nos Viventia. « On les aime, mais c’est ce qui nous fait vivre, donc faut que ça marche », déclare l’une des éleveuses filmées. Les lapins ne sont donc pas soignés, et les critères fixés par la coopérative décident lesquels il faudra éliminer.

© capture vidéo Nos Vivencia

À la suite de la publication de la vidéo, Pierre Dupont, responsable de la CPLB, concède sur Libération : « des animaux vivants n’auraient pas dû finir à la poubelle. » Quant à la filière, elle estime que les « vidéos scénarisées de manière anxiogène » ne sont pas la « réalité ». « Les éleveurs se remettent en cause depuis de nombreuses années. Et même si des choses restent à améliorer, beaucoup de progrès ont été faits », souligne Guy Airiau, président du Comité interprofessionnel du lapin, interrogé par Ouest-France.

Néanmoins, Nos Viventia a annoncé son intention de déposer plainte pour actes de cruauté, mauvais traitements et défaut de soins à l’encontre de la CPLB.