Si les tendances actuelles se maintiennent, à l’horizon 2030, ¾ des textiles seront produits à partir de combustibles fossiles, met en garde la Changing Markets Foundation dans un nouveau rapport.
La production mondiale de polyester occasionne autant de pollution que 180 centrales électriques à charbon
L’industrie de la mode est de plus en plus dépendante des fibres synthétiques, et donc du pétrole. Si les textiles sont utilisés dans les chaussures, les tapis ou encore les meubles, les vêtements représentent de loin le premier débouché pour les fabricants de fibres synthétiques (70 % du marché mondial des fibres synthétiques en 2019). Et quand on parle de fibres synthétiques dans les vêtements, on parle avant tout de polyester. Ce polymère est en effet présent dans un produit textile sur deux. Pour la planète, le bilan est lamentable : alors qu’en 2015, l’empreinte carbone de la production de polyester représentait 700 millions de tonnes de CO2 (soit l’équivalent des émissions annuelles du Mexique ou de 180 centrales électriques à charbon), elle devrait doubler d’ici à 2030, alerte la Changing Markets Foundation (1) dans un rapport intitulé « Fossil Fashion ».
L’utilisation de polyester dans les vêtements va de pair avec l’essor de la « fast fashion ». Pas cher à produire, le polyester fait le bonheur des fabricants de vêtements. Revers de la médaille, les vêtements à base de polyester durent moins longtemps, ce qui pousse les consommateurs à renouveler fréquemment leur garde-robe. En effet, la consommation mondiale de vêtements a augmenté de 60 % ces 15 dernières années, tandis que leur durée de vie a été divisée par deux, rappelle la Changing Markets Foundation.
À lire aussi – La fast fashion a encore de beaux jours devant elle
La fin de l’ère du polyester n’est pas pour demain
Cette faible durée de vie de nos vêtements est un problème dans la mesure où 87 % des tissus utilisés pour fabriquer nos vêtements sont incinérés, envoyés dans des décharges ou jetés dans la nature. En plus, lors de leur utilisation, lavage et élimination, les textiles synthétiques libèrent de minuscules fibres invisibles à l’oeil nu. Ces « microfibres » ne sont pas biodégradables et resteront à jamais dans la nature, rappellent les auteurs du rapport.
L’année 2020 a été un jalon pour le polyester : pour la première fois, les volumes de polyester utilisé dans les vêtements ont commencé à dépasser ceux du coton. La production de vêtements à base de polyester est aujourd’hui plus importante que celle de vêtements à base de nylon, d’acrylique ou d’élasthanne. S’agissant des perspectives pour l’avenir, la tendance devrait encore s’aggraver : la production mondiale de l’industrie de la mode devrait continuer à croître pour passer de 62 millions de tonnes en 2015 à 102 millions de tonnes en 2030.
Illustration bannière : Magasin de vêtements mode à bas coût © Lutsenko_Oleksandr
A lire absolument