Dans la quête pour réduire son empreinte environnementale, certaines questions sont plus ardues que d’autres. Vous êtes-vous par exemple déjà demandé quel était le moyen le moins impact pour l’environnement ? L’argent liquide a-t-il un impact écologique plus lourd que les monnaies virtuelles ? La réponse est plus nuancée qu’on pourrait le croire.
Tous les moyens de paiement n’ont pas le même impact sur la planète
L’angle d’approche est assez peu commun. S’il est courant d’aborder la question des transports par le biais de l’empreinte écologique, cette question est beaucoup plus rare quand on évoque les moyens de paiement. La question est pourtant loin d’être inintéressante et nécessite d’examiner ce que coûte la production de chaque moyen de paiement, l’usage de cette monnaie mais également l’ensemble des moyens mis en oeuvre pour la faire fonctionner, et notamment la sécurité.
Un outil très parlant, l’équivalent carbone
Le calcul des émissions de gaz à effet de serre n’est pas toujours simple. Pour comparer des données variées on a alors souvent recours à une unité de mesure : la tonne équivalent carbone. On considère alors le CO2 émis et on extrait la quantité de carbone par un calcul, en considérant qu’un kilo de CO2 contient 0,2727 kilo de carbone (on parle d’un ratio 12/44).
Ce potentiel de réchauffement climatique n’est pas le seul impact étudié mais c’est l’un des piliers de la méthode d’évaluation dite ReCiPe. C’est également cette unité qu’on va utiliser dans l’article pour plus de clarté.
Une première étude d’envergure menée par le cabinet Ernst & Young et BIO Intelligence Service utilisait par exemple en 2011 sept indicateurs tels que la pollution de l’air, la pollution de l’eau ou l’épuisement des ressources naturelles. Cette étude a depuis été complétée par d’autres indicateurs.
La fabrication du support coûte-t-elle cher à l’environnement ?
Comparer les différents moyens de paiement implique de se poser la question du support :
- le paiement par chèque nécessite de produire du papier, de transporter les carnets de chèques et de déposer ensuite les chèques en agence ;
- le paiement en espèces nécessite également de produire du papier et de faire circuler la monnaie ;
- le paiement par carte nécessite de fabriquer les cartes, et donc des puces comportant des circuits intégrés incluant des métaux rares, et de transporter les cartes jusqu’à leurs futurs propriétaires, puis de les récolter à expiration pour les revaloriser.
Ces données sont difficilement chiffrables puisque très variables mais ils sont en défaveur de la carte bancaire du fait des puces électroniques.
Une différence réduite entre paiement de proximité et à distance
Il est ensuite nécessaire d’examiner l’impact environnemental d’un paiement, qu’il soit directement chez un commerçant ou par vente à distance.
Chez un commerçant, le paiement par carte génère environ 3 grammes équivalent CO2 , soit l’équivalent d’un kilomètre parcouru par une voiture de taille moyenne en ville. En comparaison, un paiement par chèque génère environ 15 grammes équivalent CO2 et un paiement en espèces environ 22 grammes équivalent CO2. Ces résultats sont à nuancer car l’impact des pièces et des billets a un rôle à jouer, ainsi que l’émission de deux tickets papier pour un paiement par carte.
Le paiement en vente à distance est plus difficile à évaluer. Par chèque, il dépendra du transport du chèque, de sa réception et de son traitement. Par carte, il dépend de la connexion à internet, et nécessite des équipements numériques : on l’estime à environ 4 grammes équivalent CO2. Le circuit complet a un coût global sur l’environnement plus difficile à évaluer puisqu’il nécessite la fabrication de matériel, son maintien en état et son renouvellement.
Le Bitcoin et les cryptomonnaies, acteurs récents et différents
S’ajoutent aux moyens de paiement plus classiques de nouveaux moyens de paiement. Il s’agit notamment du paiement sur mobile, comme nous le voyons avec l’arrivée d’Appel Pay, du cashback, et des cryptomonnaies, dont la plus célèbre est le Bitcoin.
Ce moyen de paiement est généralement pointé du doigt, car il nécessite des ressources conséquentes pour « miner, » c’est-à-dire utiliser des ordinateurs très puissants pour produire la monnaie virtuelle.
A l’heure actuelle, produire du Bitcoin ou une autre cryptomonnaie consomme effectivement beaucoup d’énergie. Il est néanmoins important de considérer l’impact écologique global, et notamment une part d’énergies renouvelables de plus en plus forte. Certains y voient même une incitation à l’accélération de la transition énergétique.
Un bilan environnemental nuancé
Vous l’aurez compris, il n’y a pas de réponse simple à la question de l’impact écologique de la monnaie, tant les paramètres sont nombreux.
Les moyens de paiement courants ont un impact réduit par personne : le ministère de la Transition écologique et solidaire a ainsi calculé que les paiements par carte et par chèque représentent environ 0,01 % des émissions annuelles des Français. Cumulés, ils ont évidemment un impact global à prendre en compte.
Il est alors possible d’agir à plusieurs stades pour réduire l’empreinte écologique des moyens de paiement, à la fois au niveau des administrations, des fournisseurs d’accès, du matériel, des banques et également des consommateurs.
Donc, au nom de l’écologie (et pas du tout pour nous contrôler, surveiller, taxer…), on va – bientôt – nous retirer les espèces.
mon dieu, quelle illustration horrible en début d’article, ce barbu ?? je déteste