L’écriture inclusive, c’est avant tout une écriture non sexiste, qui ne perpétue pas les inégalités femmes·hommes et les stéréotypes de sexe. Il y presque un an, l’agence de communication Mots-Clés éditait et diffusait le premier manuel d’écriture inclusive.
Pour réaliser ce manuel, Raphaël Haddad, docteur en Sciences de l’information et de la communication et fondateur de l’agence, s’est appuyé sur de nombreux travaux existants et notamment sur le Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe(1), édité en novembre 2015 par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Concrètement, l’écriture inclusive, qu’est-ce que c’est ?
L’écriture inclusive désigne ainsi « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes« . Dans la pratique, qu’est-ce que ça implique ?
Les trois conventions d’écriture inclusive
De manière générale, choisir l’écriture inclusive, c’est tout d’abord renoncer au masculin générique (ex : les habitants de la ville) ; renoncer à la règle qui dit que le masculin l’emporte toujours sur le féminin dans les accords en genre (ex : Nicolas et Mathilde sont enchantés de leur voyage) ; et renoncer enfin à toutes les conventions que nous avons intériorisées et auxquelles nous ne prêtons même plus attention. Car oui, en y réfléchissant, il semblerait bien que les conventions de l’écriture que nous utilisons traditionnellement perpétuent des inégalités, sans que cela ne choque plus personne.
C’est pour cette raison que le manuel, mis à disposition par l’agence Mots-Clés se base sur trois principes essentiels :
- l’accord en genre de tous les noms de fonctions, de grades, de métiers et de titres (ex : professeure, gouverneure, ingénieure, artisane, auteure, cheffe…) ;
- l’utilisation de féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique (ex : elle et il/ celles et ceux/ les musiciens, les musiciennes), l’usage du point milieu (ex : acteur·rice·s, ingénieur·e·s) ou le recours aux termes épicènes, c’est à dire neutres (les membres, les artistes…) ;
- la fin de l’utilisation des termes « l’Homme » ou « la Femme » pour privilégier des expressions plus généralistes (ex : les droits humains, les droits de la personne humaine).
L’agence précise que bien entendu, il n’est cependant pas question de modifier des textes ou des titres institutionnels à valeur patrimoniale (ex : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen).
L’usage du point milieu
Nous l’avons évoqué précédemment, un des grands principes de l’écriture inclusive, c’est d’utiliser le féminin et le masculin lorsque nous parlons d’un groupe mixte. Nous pouvons alors choisir l’énumération par ordre alphabétique ou alors l’utilisation du point milieu appelé aussi point médian. Si vous ne le connaissez pas, c’est tout à fait normal, il a justement été choisi car il ne bénéficiait d’aucun usage hérité encore en vigueur.
Ainsi, selon l’agence Mots-clés, « le point milieu permet en ce sens d’affirmer sa fonction singulière d’un point de vue sémiotique et par là d’investir frontalement l’enjeu discursif et social de l’égalité femmes·hommes« .
Concrètement, voilà comment vous devez vous y prendre pour l’intégrer dans votre écriture :
racine du mot + suffixe masculin + point milieu + suffixe féminin
Si le mot est au pluriel, il suffit d’ajouter un point milieu suivi d’un s. Exemples : député·e·s, régionaux·ale·s, chroniqueur·euse·s…
Pour vous aider, vous trouverez dans le manuel, des tableaux d’écriture inclusive de termes fréquemment utilisés. L’agence Mots- clés propose également des formations pour vous aider à l’apprentissage de cette nouvelle manière d’écrire.
D’un point de vue pratique, sachez que par défaut, sous Windows, le point milieu s’obtient en combinant : alt et 0183. Vous trouverez dans le manuel d’écriture inclusive, la combinaison sous MAC OS X ainsi que des solutions pour faciliter l’appel du caractère.
Si vous souhaitez prolonger votre réflexion sur l’écriture inclusive, une bibliographie vraiment enrichissante figure aussi dans le manuel.
Enfin, pour terminer, si vous vous demander encore à quoi peut bien servir cette écriture, à part vous compliquer la vie, voici la réponse de Raphaël Haddad : « La langue reflète sa société et sa façon de penser le monde. C’est bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément vers le masculin durant plusieurs siècles par les groupes qui s’opposaient à l’égalité des sexes. Ainsi, une langue qui rend les femmes invisibles est la marque d’une société où elles joueraient un rôle secondaire« .
Pour en savoir plus et télécharger gratuitement le manuel, rendez-vous jusqu’au 31 décembre 2017 sur www.ecriture-inclusive.fr
L’écriture inclusive, au delà de l’égalité textuelle entre hommes et femmes est également là pour inclure les non-binaires, les transsexuels, les intersexes qui ne sont actuellement pas représentés dans la société.
Elle serait une nouvelle forme de neutre qui permettrait d’inclure tout le monde sans discrimination de genre ou de sexe, pour le cas des intersexes.
Merci
Aujourd’hui il.elle fait très beau.elle à La Rochelle !
« La langue reflète sa société et sa façon de penser le monde. » Dixit Haddad.
Tout à fait! Il est donc ridicule d’essayer de forcer des changements de la langue pour faire évoluer la société et sa façon de penser le monde. La langue française est déjà tellement charcutée actuellement (il suffit de voir les commentaires sur les fora internet, et même parfois des articles écrits par des soi-disant professionnels) qu’il n’est nullement nécessaire de lui faire subir plus d’affronts. Oui à l’égalité réelle homme-femme, non à la dégradation de notre langue déjà assez mise à mal comme cela.
« Si vous ne le connaissez pas, c’est tout à fait normal, il a justement était choisi […]
été choisi. Participe passé. Le respect de l’égalité homme-femme c’est bien. Le respect de la grammaire aussi 😉
Bonsoir Rima, je vous remercie pour votre vigilance, l’erreur est corrigée. Après plusieurs articles rédigés par jour, il arrive parfois qu’une faute se glisse dans le texte. Ce n’est en général pas une erreur de grammaire mais tout simplement une erreur humaine 😉