L’étude se base sur quatre critères : les revenus et prestations sociales, la santé, l’éducation et le niveau de satisfaction dans la vie. Toutefois, une dimension reste absente des conclusions de l’Unicef : nos enfants ont-ils un accès égal à la nature ? Cette dimension n’est pourtant pas anodine, puisqu’elle conditionne l’un des critères évalués par l’Unicef : l’accès à la santé. En effet, notre environnement a un impact sur notre état de santé, impact d’autant plus important pour les enfants.
Si l’environnement influence notre état de santé, l’accès à des espaces verts non pollués semble être l’un des paramètres important pour la santé de nos enfants. Cet accès est-il égal selon le niveau de richesse des enfants français ?
Les enfants sortent de moins en moins
Actuellement, environ deux tiers de la population vivant dans les États membres de l’OCDE habitent en zone urbaine. La pollution, le temps passé dans les transports et devant les écrans augmentent. Les enfants passent environ dix fois moins de temps dehors qu’il y a 30 ans.
Or, l’accès à la nature est primordial pour le développement infantile. D’une part, l’exposition au soleil est nécessaire à la production de vitamine D. D’autre part, des études tendent à montrer que le plein air favorise l’activité physique, l’imagination et la capacité de concentration. Le temps passé à l’extérieur protègerait également les jeunes enfants de la myopie.
Selon Mélissa Lem, médecin et chercheuse à l’Université de Toronto, « passer du temps dans la nature est essentiel au bon développement de l’enfant, sur le plan psychologique autant que sur le plan physique. Certains chercheurs affirment même qu’une dose quotidienne de nature peut prévenir et traiter de nombreux troubles médicaux ».
Plus encore, l’Organisation Mondiale de la Santé déclarait en 1999 que « l’environnement est la clé d’une meilleure santé », et ajoutait en 2005 que « le fait de respirer de l’air pur est considéré comme une condition essentielle de la santé et du bien-être de l’homme ».
Toutes ces observations renvoient à ce que l’on appelle la santé environnementale. L’Américain Richard Louv a ainsi théorisé le concept du « syndrome de manque de nature » dans son livre « Last Child in the Woods » – ou Le dernier enfant de la forêt en anglais -, publié en 2005, qui liste les symptômes d’un manque de nature, dont fait partie l’obésité.
Des inégalités sociales et économiques
De la même manière que l’Unicef mesure les inégalités d’accès à la santé entre les enfants des pays riches, ces mêmes enfants n’ont pas tous le même accès à la nature. On parle désormais d’inégalités environnementales. Ainsi les populations les plus défavorisées sont les plus exposées aux risques sanitaires liés à la pollution par exemple. Imaginons deux familles vivant dans la même ville. L’une des familles possède une voiture lui permettant de sortir de la ville le week-end, et un revenu suffisamment élevé pour payer des vacances à la campagne aux enfants. L’autre famille n’as pas ces moyens, et les enfants restent la majeure partie de l’année dans un environnement urbain pollué.
Aussi, il faudrait mettre en place une politique de promotion de la santé environnementale, ciblée vers les populations les moins riches afin de réduire les inégalités d’accès à la nature des enfants français. En effet, si la France se situe dans les pays où, prises dans leur globalité, les inégalités entre les enfants sont importantes, elle est mieux classée en ce qui concerne les inégalités de revenus (13e sur 41 pays testés).
Malgré des inégalités économiques peu creusées, les inégalités sociales en matière d’éducation ou de santé sont elles, très variables. Il ne suffirait donc pas seulement d’augmenter les revenus, mais aussi de répartir les services publics plus équitablement, avec une priorité donnée aux enfants les plus démunis.