Lucile Dufour est responsable des négociations internationales au Réseau Action Climat France, et partie prenante des négociations en cours à Marrakech dans le cadre de la COP22. Selon elle, l’accord de Paris a posé les grandes lignes qui doivent être détaillées clairement lors du nouveau sommet international. La spécialiste du climat n’est pas plus inquiète que ça de l’arrivée du climatosceptique Donald Trump au pouvoir. Même si elle y décèle un signal « pas très positif », elle estime que « la dynamique se fera malgré Trump».
L’Accord de Paris et les enjeux de la COP22 de Marrakech
Pour en savoir plus sur la portée internationale réelle de l’Accord de Paris et les avancées de la COP22 qui se tient en ce moment à Marrakech, consoGlobe.com est allé poser quelques questions à Lucile Dufour.
consoGlobe. com : l’Accord de Paris constitue-t-il une véritable avancée sur le plan international ?
Lucile Dufour – Cela fait quasiment un an que l’Accord de Paris a été adopté. Il mettait en place des objectifs ambitieux, comme limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2° voire d’1,5°C. Et ce que l’on a vu surtout vu depuis an an, c’est que le momentum politique a perduré. L’Accord de Paris est entré en vigueur le 4 novembre, juste avant la COP22, c’est-à-dire moins d’un an après son adoption. Historiquement, c’est du jamais vu. Il y a donc, du côté des politiques et des pays, une volonté d’être présents sur la scène internationale du point de vue du climat.
consoGlobe. com : que peut-on attendre de la COP 22 ?
Lucile Dufour – La Cop 22 doit concrétiser l’Accord de Paris et prouver que les pays sont prêts à aller plus loin. En allant plus loin, c’est accélérer l’action climatique dans les pays et être solidaire avec les pays les plus pauvres.
Ce sont les deux points majeurs de la COP22. D’abord comment les pays sont prêts à aller plus vite pour mettre en place des plans nationaux qui vont dans le sens de la lutte contre le changement climatique et s’ils sont assez ambitieux pour remplir les objectifs.
Et ensuite, comment les pays riches prennent en considération les plus pauvres. En l’espèce,on est quand même sur une COP qui se situe sur le continent africain, le plus touché par les changements climatiques. Il faut voir tout cela. Cela passe par la question des financements climats, les moyens humains, techniques et financiers.
consoGlobe. com : jusqu’ici, ces moyens ont-ils été donnés aux pays pauvres ?
Lucile Dufour – Il reste beaucoup de chemin à parcourir. Les pays riches ont publié une feuille de route il y a environ un mois. Cette feuille de route doit détailler comment ils vont aider les pays pauvres d’ici à 2020. Cette feuille de route doit répondre à la promesse faite en 2009 a Copenhague, de fournir 100 milliards de dollars par an pour la lutte contre le changement climatique dans les pays les plus pauvres.
Quand on regarde ce plan d’action, on voit qu’il y a énormément d’insuffisances et de carences, notamment si on prend le financement pour l’adaptation, c’est à dire tous les moyens qui peuvent être mis en oeuvre par les populations locales les plus vulnérables, les plus touchées par les changements climatiques : dans l’agriculture par exemple, où l’on peut utiliser des semences qui poussent mieux, qui sont adaptées au nouveau contexte climatique.
Dès lors, on se rend compte que selon les projections, on ne devrait arriver qu’à 20 % de financements pour l’adaptation d’ici à 2020, alors que l’accord de Paris nous dit qu’on devrait arriver à un équilibre le plus rapidement possible entre l’adaptation au changement climatique et les actions qui devraient permettre de réduire les gaz à effet de serre.
Sur le plan de la solidarité climatique, il y a des promesses qui ont été faites par les pays riches. On attend désormais que ces derniers se mettent autour de la table des négociations et fassent non seulement des annonces concrètes, mais également qu’ils avancent de façon constructive et collective pour lever les barrières qui empêchent les communautés les plus vulnérables de faire face.
consoGlobe. com : dès lors, y a-t-il des raisons d’espérer des avancées ?
Lucile Dufour – Une chose rend très optimiste : les solutions existent. Par exemple, l’agroécologie qui fonctionne et qui permet aux communautés les plus vulnérables d’être plus résilientes, d’atteindre la sécurité alimentaire. Il y a plein de petits projets dans le secteur des énergies renouvelables, comme par exemple des centrales solaires décentralisées, qui permettent à des communautés d’avoir accès à l’énergie. Toutes les solutions sont là. Maintenant, ce qu’on attend c’est une impulsion politique et des plans climatiques concrets pour accélérer cette ambition climatique vraiment nécessaire.
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Foutaise et cie argent dépensé pour rien et de la pollution en plus, pour des décisions qui ne seront pour la majeur partie jamais appliquées.