Sociétés par actions simplifiées, coopératives, associations, etc., quelque soit leurs statuts, certaines entreprises sociales se sont données pour mission d’apporter des solutions collectives et innovantes aux défis actuels de nos sociétés : précarité, environnement, morosité économique et sociale… Essentiellement bénévoles, leurs membres créent ensemble le monde de demain : un monde plus osé, plus solidaire, plus sain. Prenons ici les exemples de deux associations, MakeSense et Activ’Action.
L’entrepreneuriat social : le profit comme un moyen et non une fin
Le terme d’entrepreneuriat social a été vulgarisé dès les années 1980 par Bill Drayton, le fondateur d’Ashoka, 1er réseau mondial d’entrepreneurs sociaux. L’entrepreneur social est celui ou celle « qui met à contribution ses qualités entrepreneuriales au service de la résolution d’un problème social et/ou environnemental […] quel que soit le domaine ». La réussite d’une telle entreprise est jaugée d’après l’ampleur de son impact sur la société, ce qui fait du profit un moyen, et non une fin(1).
Selon le Mouves, le Mouvement des Entrepreneurs Sociaux, une telle entreprise s’organise autour de quatre éléments : la viabilité financière et économique, une mission sociale et/ou environnementale, des profits contrôlés et un principe de gouvernance participative.
MakeSense et Activ’Action : des entreprises investies d’une mission sociale
Christian Vanizette et Leila Hoballah ont fondé MakeSense, constituée en Association Loi 1901, à Paris, en 2011, afin d’apporter des contacts, des idées concrètes et un soutien « globalisé » aux entrepreneurs sociaux de par le monde.
Quant au réseau Activ’Action, Association de Droit Local d’Alsace-Moselle créée en 2014 à Strasbourg, il émane d’une initiative de Fabien et Émilie Schmitt, rejoints plus tard par Pauline Voldoire. Étant passés eux-mêmes par la « case chômage », ils ont décidé d’aider les sans-emplois à casser les préjugés, enrayer la baisse de moral et réagir face aux difficultés associées à cette période.
Deux missions qui permettent de répondre à certains besoins de notre société actuelle, avec des points communs dans l’action : la débrouillardise mais aussi l’entraide. En ce sens, Activ’Action a d’ailleurs bénéficié en 2014, de l’un des programmes d’appui aux startups sociales développés par MakeSense.
Plus concrètement : un maillage d’entrepreneurs du changement
MakeSense compte aujourd’hui 57 salariés et plus de 2.000 membres bénévoles dans 120 villes à travers le monde. Ensemble, ils aident d’autres entreprises sociales à trouver des solutions : par exemple, comment être efficace en matière de crowdfunding ? Comment bien communiquer sur sa campagne ? Quel nom donner à une plateforme web ? Les solutions sont concrètes et le soutien mondialisé : un volontaire italien peut aussi bien apporter virtuellement des solutions à un entrepreneur malien, que physiquement à un entrepreneur dans sa ville de résidence(5).
De son côté, Activ’Action regroupe aujourd’hui deux salariés, près de 100 bénévoles-relais, et plus de 2.000 participants aux ateliers, dans plus de 15 villes sur trois continents. Leur objectif ? Revaloriser les sans-emplois et faire du chômage, une période propice et bénéfique : une occasion par exemple, d’améliorer sa confiance en soi, de faire des contacts, d’apprendre à valoriser ses forces et ses ressources(6).
En résumé, la mission de MakeSense et d’Activ’Action est de contribuer, collectivement, à un mieux-être des sociétés, à travers l’organisation d’activités participatives, gratuites et ouvertes à tous ceux et celles qui partagent leur vision, aux quatre coins de la planète. Partage, bienveillance, solidarité et joie sont les maîtres-mots lors de telles rencontres.
Des objectifs plus que louables, mais dans quelle mesure est-ce viable ?
Rentabilité financière et finalité sociale dans la balance
Comme nous l’avons vu, ni MakeSense, ni Activ’Action ne génèrent de revenus propres, puisque leurs activités sont libres d’accès. Comme toute entreprise qui se veut sociale, le profit n’est en effet pas la priorité. Mais comment, alors, survivre au long terme ?
La solution se trouve, en partie, dans leur modèle économique(7) :
- Semi-marchand : les deux associations offrent leurs prestations de services contre rémunérations, auprès de structures d’intérêt public ou privé notamment ;
- Semi-social : elles reçoivent des dons et subventions.
Par ailleurs, MakeSense comme Activ’Action misent beaucoup sur le marketing : elles sont très présentes sur les réseaux sociaux et se sont construit une vraie méthodologie ainsi qu’un vocabulaire propre, des logos, des outils attractifs, etc.
À ce niveau, MakeSense est plus avancé : il a déjà créé des filiales génératrices de revenus, et a placé, dès 2013, sa méthodologie, sa marque et son lexique, sous licence. Les filiales s’acquittent d’une redevance pour utiliser la licence dans le cadre de leur business.
Malgré tout, la rentabilité reste un objectif. Plus encore que pour d’autres structures 100 % commerciales ou 100 % sociales, MakeSense et Activ’Action doivent faire preuve d’ingéniosité, de dynamisme et de relationnel pour maximiser leurs revenus. Tout ceci, en veillant au respect de leur mission sociale et des lois en vigueur…
Un futur plein de challenges
Au-delà de leur ressemblance, MakeSense et Activ’Action ont bien quelques divergences, qui tiennent à leur stade de maturation. MakeSense bénéficie de plus d’ancienneté, d’une communauté plus étendue, d’un modèle économique plus poussé – permettant notamment de salarier plus de gens – et d’un marketing plus développé.
Activ’Action va-t-il suivre une évolution parallèle ? Le futur est imprévisible. Mais, les deux associations ont bien identifié les challenges à venir.
- Pour MakeSense, il s’agit essentiellement de rendre opérationnel le mode de gouvernance participative, de gérer l’accroissement rapide à l’international (légaliser les entités, rechercher des fonds) et d’éviter une déconnexion entre tous les membres de la communauté.
- Pour Activ’Action, les challenges concernent le lancement de ses activités dans d’autres pays, l’augmentation des prestations de services (afin de salarier plus de membres), le développement de la plateforme web et la création d’un système de suivi des participants.
Et comme l’a si bien dit en novembre 2013, le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz :
Gouvernance, rentabilité, développement, dynamisme, dans la joie du partage et la bienveillance : tout est dans l’art de la conciliation !
Pour en savoir plus :
Ashoka : http://france.ashoka.org
Mouves : http://mouves.org
Makesense : www.makesense.org/fr
Activ’action : www.activaction.org
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Illustration bannière : © quinky Shutterstock
- Leila Hoballah, MakeSense governance : a SenseRocket to reach the stars !, 31 mars 2016 https://medium.com/social-impact-for-all/makesense-governance-a-senserocket-to-reach-the-stars-1d4b0a00d48b#.iz
- Céline Bouton, L’économie du Bonheur, « Connaissez-vous des gangsters ? », p.24, in : Bruxelles Métropole, N°15, mai 2016, BECI http://becie-magfr.cmail19.com/t/r-l-slhdrtl-hlhtlrtity-o/
- Hélène David, Strasbourg-Activ’Action, Une autre vision du chômage, in : Dernières Nouvelles janvier 2016, http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2016/01/07/une-autre-vision-du-chomage
- Enquête : Ces jeunes qui changent nos vies, in : L’Etudiant, N°400, http://boutique.letudiant.fr/anciens-numeros/l-etudiant-n-400.html#description
- Céline Bouton, L’économie du Bonheur, « Connaissez-vous des gangsters ? », p.24, in : Bruxelles Métropole, N°15, mai 2016, BECI http://becie-magfr.cmail19.com/t/r-l-slhdrtl-hlhtlrtity-o/
- Hélène David, Strasbourg-Activ’Action, Une autre vision du chômage, in : Dernières Nouvelles janvier 2016, http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2016/01/07/une-autre-vision-du-chomage
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