L’éolien offshore ne cesse de se développer outre-Rhin. Déjà, 2015 avait été une année record, la puissance éolienne en mer ayant enregistré une augmentation de 2 282 MW, soit une progression de 225 % par rapport à 2014 ! Plus de 8 milliards de kWh ont été produits par les engins flottants allemands en 2015.
Éolien Offshore en Allemagne : une tendance à la hausse qui ne fait que se confirmer.
En 2016, 156 nouvelles éoliennes offshore d’une capacité totale de 818 MW ont été mises en ligne en Allemagne, ce qui porte la capacité totale des engins connectés au réseau à 4 108 MW. Toujours en 2016, la puissance générée par les éoliennes offshore était d’environ 13 TWh, ce qui représente un bond de 57 % par rapport à 2015.
Et ce n’est pas tout. La Bundesnetzagentur, autorité fédérale en charge de l’attribution des concessions offshore, a annoncé en avril dernier les lauréats de la première phase de WindseeG, le nouveau plan fédéral d’implantation d’éoliennes en mer. Surprise : trois des quatre nouveaux parcs éoliens prévus en Allemagne se passeront totalement de subventions pour vendre leur production d’électricité au prix du marché. Ce qui constitue une première mondiale.
Proposées par le groupe danois Dong et l’énergéticien allemand EnBW, les offres sélectionnées ont convaincu par la maturité de la technologie utilisée et les avancées à venir. Dong prévoit par exemple d’équiper ses futurs champs de turbines de 13 à 15 MW, tandis qu’EnBW espère que son futur champ bénéficiera de développements techniques rapides et de synergies avec les champs voisins d’Albatros et de Hohesee, en mer du Nord allemande.
L’Allemagne décidée à innover
Afin de continuer ce mouvement et voir naître de nouveaux parcs à faibles coûts de production, les ministres allemand, danois et belge ont signé, aux côtés de nombreux industriels (dont les français Ideol, EDF-EN et Eolfi), un engagement à déployer un volume « significatif » d’électricité provenant de l’éolien offshore. L’idée est de travailler ensemble afin d’établir plus facilement des partenariats publics-privés et d’attirer davantage l’attention de la Commission européenne.
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L’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas avaient déjà évoqué la possibilité de construire une île sur le Dogger Bank, un banc de sable et de rochers situé au large de la mer du Nord, entre la Grande-Bretagne et le Danemark. L’île serait ensuite transformée en gigantesque ferme éolienne avec 7.000 engins pouvant subvenir à une partie des besoins énergétiques de six pays (les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Norvège et la Belgique).
S’agit-il d’un projet trop ambitieux, voire un peu délirant ?
Certains semblent le penser. Mais il prouve que l’Allemagne est décidée à innover, investir et encourager le développement de l’éolien offshore comme aucun autre pays européen, notamment la France.
Car en effet, dans l’Hexagone les retards s’accumulent et la frilosité semble être la norme. Aucun parc éolien offshore n’a encore été mis en service en France, ce qui n’est pas le cas dans le reste de l’Europe. Et si l’État français s’est fixé l’objectif d’arriver à 6.000 MW d’éolien en mer pour une part de 23 % d’énergies renouvelables d’ici 2020, « toute la filière est bloquée » à cause notamment des trop nombreux recours des associations anti-éolien.
Les pouvoirs publics impuissants
Initialement prévue pour 2020, la mise en service du premier parc d’éoliennes en mer français pourrait être repoussée de six à huit mois. En cause : une série d’actions en justice introduites par des opposants à l’énergie éolienne et des écologistes, qui souhaitent faire annuler les arrêtés préfectoraux autorisant les trois premiers parcs éoliens prévus au large des côtes françaises : Saint-Nazaire, Fécamp (Seine-Maritime) et Courseulles-sur-Mer (Calvados).
Un décret de janvier 2016 relatif aux énergies renouvelables marines cherchait pourtant à limiter les délais liés à ces recours, mais les pouvoirs publics se montrent incapables d’empêcher les associations anti-éolien de ralentir sensiblement les processus.
Antoine Cahuzac, patron des énergies renouvelables chez EDF, se désespère : « Nos trois parcs ont obtenu leurs autorisations après des enquêtes publiques et de nombreuses consultations de toutes les parties prenantes, qui ont débouché sur un avis favorable. [Mais] là, on est dans le dogme, ces associations ne veulent simplement pas d’éolien en mer« , déclare-t-il aux Echos.
Résultat : même les champions tricolores se tournent vers l’Allemagne. Après le producteur d’énergie éolienne allemand Futuren, EDF Energies Nouvelles poursuit sa politique d’acquisition en rachetant Offshore wind solutions (OWS), une société allemande spécialisée dans l’opération et la maintenance des parcs éoliens en mer. « L’Allemagne est un pays extrêmement compétitif en termes [d’énergies] renouvelables. [….] Sur une activité de services comme l’offshore, il y a de la valeur ajoutée et donc on estime que nous pouvons capter cette valeur ajoutée en nous renforçant dans ce domaine« , estime M. Cahuzac.
Voilà qui ne manque pas d’ironie. Car dans le domaine de l’éolien offshore en particulier et des énergies renouvelables en général, l’Allemagne avance tellement plus vite que la France qu’elle pourrait apporter à l’électricien hexagonal la possibilité de doubler ses capacités d’énergies renouvelables d’ici 2030.