Non, les humains ne sont pas les seuls animaux à adopter des mesures de distanciation sociale en cas de risques d’infection…
Une distanciation courante dans la nature
Qui n’a pas entendu parler de la distanciation sociale, qui est en fait, si l’on veut utiliser une formulation plus correcte, une distanciation physique ? En ces temps de pandémie, elle fait partie de ces bons réflexes sanitaires permettant de réduire les risques de contamination par les virus, en l’occurrence le Covid-19. Une réaction typiquement humaine, due à notre mode de vie en société ?
Pas du tout, nous apprend une étude tout juste publiée dans BioScience (2).
En effet, les humains ne sont pas, loin s’en faut, les seuls animaux à décider d’adopter une telle distanciation sociale en cas d’épidémie. Il en est de même chez les chauves-souris, les chimpanzés, mais aussi les fourmis, par exemple.
Ostraciser des individus, semble-t-il, infectés est en fait une pratique plutôt courante. Cela peut aller des poissons évitant de se joindre à un banc parasité, d’abeilles gardiennes interdisant l’entrée de la ruche à des abeilles malades, voire de souris femelles ne se reproduisant pas avec un mâle malade.
Une détection olfactive dont l’homme n’est plus capable
« Les agents pathogènes ont un pouvoir immense pour stimuler la dynamique des populations, altérer la stabilité des communautés et manipuler le comportement des animaux, explique cette étude. La pandémie COVID-19 souligne ce pouvoir dans la société humaine, mais souligne également l’efficacité de comportements tels que la distanciation sociale pour lutter contre la propagation de la maladie ». Mais la distanciation sociale en tant que mécanisme d’immunité comportementale n’est pas pour autant une construction humaine unique.
Mais comment toutes ces espèces apprennent-elles à repérer et identifier les malades parmi elles ? Cette façon naturelle d’éviter l’infection en pratiquant la distanciation ne repose bien sûr par sur des tests tels que les « animaux intelligents » que nous sommes les pratiquons.
La détection est avant tout fondée sur une méthode olfactive : être malade, cela se sent, tout simplement. L’odeur d’un individu malade est en fait différente, mais la perte de capacités olfactives de l’être humain au fur et à mesure de son évolution nous en ont rendus incapables. Récemment, des tests ont été effectués afin de repérer des personnes atteintes par le Covid-19 en les faisant renifler par des chiens.
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Se servir de l’expérience humaine des pandémies
Ainsi, précise encore cette étude, « les animaux qui sont éloignés des humains sur le plan de l’évolution – comme les fourmis, les abeilles et les homards – utilisent la distanciation sociale de manière efficace et efficiente, peut-être en partie à cause de leur capacité à détecter des signaux subtils d’infection chez les autres ».
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Pour autant, les exemples connus de distanciation sociale chez les animaux sauvages ne représentent probablement qu’une infime fraction de ceux existant dans la nature. Et ce d’autant plus que les études menées jusqu’à présent à ce sujet dans la nature ne sont pas des plus nombreuses.
« Quelles leçons pouvons-nous tirer de l’expérience humaine des pandémies à partir d’une vision élargie des maladies, de leur propagation et de leur prévention dans la nature ? », s’interrogent maintenant les chercheurs.