L’épigénétique signifie « ce qui est par dessus la génétique classique » ou l’ADN. Elle permet de moduler l’expression de nos gènes par nos comportements. Ainsi, nous ne serions plus déterminés par nos gènes, mais par nos actions. Cette découverte permet de sortir du fatalisme génétique dans lequel nous étions bloqués pour devenir acteur de notre vie, voire modifier la société.
Epigénétique : Comment l’environnement influence nos gènes
Cette découverte de Conrad Waddington dans les années 1949 a permis le développement de milliers de publications scientifiques révolutionnant la génétique. Il y a davantage d’éléments qui dépendent de nous que ne le pensaient les biologistes il y a une trentaine d’années.
« Ce qui essentiellement nouveau, ce n’est pas que l’environnement agit sur ce que nous sommes, mais qu’il est possible qu’il y ait une transmission héréditaire de caractères acquis. Ça viole un tabou absolu », affirme le philosophe André Comte-Sponville. En effet, l’épigénétique entérine le débat poursuivi entre « l’inné » de Darwin et « l’acquis » de Lamarck depuis le XIXe siècle.
La fin d’un débat historique entre l’acquis et l’inné
Pour Jean-Baptiste Lamarck, l’environnement influe sur les organes et le physique des êtres vivants ; la fonction créant l’organe. Sa thèse a été illustrée par l’évolution de la girafe. Jadis la girafe aurait été bien plus petite. Cependant, n’ayant rien pour s’alimenter sur le sol, elle a du se tourner vers les arbres. Ainsi, au fil des générations, le cou des girafes se serait allongé afin d’assurer la survie de l’espèce.
Au contraire, pour Charles Darwin, les mutations au hasard créent des changements dans le code génétique. Certains de ces changements sont adaptables par la sélection naturelle et conduisent à la poursuite de la reproduction de cet individu. Il considère qu’il existait des petites girafes et des grandes dans la nature. Celles qui ont des longs cous ont été avantagées pour se nourrir et ont donc subi une moindre concurrence que les autres espèces pour leur survie. Ainsi, elles ont vécu plus longtemps et eu une descendance plus foisonnante. Il s’agit de la théorie de la sélection naturelle. La diversité biologique repose sur les mutations génétiques naturelles qui apporteront soit un avantage, soit un désavantage.
Aujourd’hui, nous savons que la transformation des gènes par la descendance est à la fois acquise et innée, d’où le fait que l’épigénétique enterre cet ancien débat.
L’épigénétique, synonyme de liberté
L’épigénétique symbolise la fin de la contrainte génétique pesant sur les individus. « C’est la responsabilité de nous même face à notre corps et face à notre environnement, et la société dans laquelle nous vivons » définit Joël de Rosnay. L’épigénétique peut changer votre vie personnelle en redéfinissant votre inné et votre acquis. Le célèbre scientifique explique que nous ne sommes plus déterminés par nos gènes. On peut agir sur les gènes, non pas en changeant le code génétique, mais par notre comportement fondé sur 5 éléments pratiques et quotidiens :
- la nutrition,
- l’exercice modéré,
- le management du stress,
- le plaisir de ce qu’on fait
- un réseau social, familial et professionnel en harmonie.
En modulant l’expression de nos gènes par nos comportements nous pouvons ainsi avoir davantage d’impact sur notre mode de vie en prenant en main le corps. Il s’agit de la transmission des caractères acquis.
Les retombées sociales, politiques et économiques de cette découverte sont réelles. Par exemple, les industries pharmaceutiques et agroalimentaires se sont penchées sur la prévention plutôt que la guérison.
L’épigénétique fait reculer le fatalisme génétique
C’est davantage de liberté pour nous, mais pour autant, nous ne pouvons pas modifier nos gènes ni ceux qui sont transmis à nos enfants. On transmet à nos enfants une expression différentes des mêmes gênes, mais pas des gènes différents. Nous ne sommes donc pas dans une totale liberté. Certains avantages ou problèmes d’origine génétique, comme les malformations congénitales par exemple, demeurent. De plus, notre environnement familial nous « contraint » malgré nous à adopter les mêmes agissements que nos parents.
L’avancée majeure de l’épigénétique réside dans le fait qu’il est désormais possible d’entreprendre de se libérer. Nous déterminons notre santé et notre futur par nos actions présentes.
La méditation est un bon exemple. Concentré sur l’activité cérébrale, elle permet de lutter contre certaines inflammations, de gérer le stress et entretient une harmonie homéostasique que nous n’aurions pas sans cette discipline.
Si nous pouvons le faire à l’échelle de l’individu, des chercheurs, tel que Joël de Rosnay, croient en la possibilité d’utiliser l’épigénétique pour rendre « la société meilleure ». Collectivement, il considère que nous pouvons intervenir sur la modulation de l’ADN sociétale car chaque entreprise, pays, association a un ADN (les statuts d’une firme, la Constitution d’un État…). Ainsi, collectivement, nous pouvons agir sur l’expression de certains comportements à travers les réseaux sociaux, ce qui se traduit par la démocratie participative.
Chers lecteurs, c’est le moment de choisir de ce que vous voulez faire de votre vie !