De moins en moins d’espèces d’abeilles ont en effet été observées et signalées dans la nature durant les trois dernières décennies.
Des espèces d’abeilles plus observées depuis des décennies
Mais que sont devenues les abeilles ? On parle beaucoup de la disparition progressive des abeilles. Mais une étude récemment publiée dans la revue One Earth souligne la réalité de cette disparition. Selon cette étude, reposant sur la vaste base de données en ligne Global Biodiversity Information Facility, 25 % d’espèces d’abeilles vues dans la nature ont été déclarées en moins entre 2006 et 2015, par rapport aux années écoulées depuis 1990.
Pour autant, cela ne signifie pas que ces espèces d’abeilles ont disparu, seulement qu’elles n’ont pas été observées, ce dont on peut tout de même déduire leur extrême rareté. Quand la famille des abeilles halictes , la deuxième plus commune, voit ses observations diminuer de 17 % depuis les années 1990, l’observation des mélittidés, famille plus rare, est en revanche en baisse de plus de 41 %.
Pas encore un cataclysme, mais…
Le manque de données empêche pour l’instant d’extrapoler cette étude à l’échelle mondiale, faute d’informations sur les espèces des pays tropicaux. En effet, la base de données utilisée concerne majoritairement l’Europe et l’Amérique du Nord. Pour les auteurs de cette étude, cela ne fait aucun doute : il arrive quelque chose aux abeilles, et il faut pousser les décideurs à agir rapidement. Les abeilles ne peuvent pas attendre.
Lire aussi : de la cire d’abeille sans traitement chimique
Selon Eduardo Zattara, de l’Université de Comahue (Argentine), principal auteur de l’étude, « ce n’est pas encore un cataclysme, mais les abeilles sauvages sont vraiment mal en point ». Paradoxalement, le recul le plus important a été constaté entre 2006 et 2015, alors même que le nombre d’observations était en rapide augmentation.
Ne pas dépendre d’une seule espèce
Il existe en tout sept familles d’abeilles à travers le monde, les mellifères vivant en ruches gérées, les abeilles sauvages effectuant de leur côté la même tâche vitale de pollinisatrices. C’est pourquoi dépendre d’une seule espèce d’abeille serait risqué, notamment en cas d’épidémie touchant les abeilles, comme en 2006, aux États-Unis : la moitié des cheptels d’abeilles mellifères avaient alors péri.
« Les citoyens commencent à se soucier des insectes, et c’est fantastique, souligne Eduardo Zattara, en charge de l’étude. Grâce à la science citoyenne et à la capacité de partager des données, les observations augmentent de façon exponentielle, mais le nombre d’espèces signalées diminue ». Et ce même si des erreurs peuvent bien sûr survenir au moment de distinguer un insecte parmi pas moins de 20.000 espèces d’abeilles.