Les sciences participatives ont le vent en poupe : bien ou mal ?

Les sciences participatives sont des programmes d’observation de la nature qui permettent de collecter des informations sur la faune et la flore à travers tout le pays. Chacun peut y participer mais qu’en est-t-il réellement ?

Rédigé par Julien Hoffmann, le 14 Feb 2022, à 18 h 00 min
Les sciences participatives ont le vent en poupe : bien ou mal ?
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Les Observatoires Participatifs des Espèces et de la Nature avec la plateforme OPEN, organisent des collectes de données naturalistes pour mieux comprendre les enjeux de sauvegarde. Mais le bénévolat n’est pas toujours la seule solution. Quels sont les problématiques soulevées par  l’essor des sciences participatives ?

Sciences participatives : des enjeux forts

La connaissance de l’environnement au sens large, ainsi que des milieux et des espèces qui y évoluent, est un enjeu majeur de la sauvegarde de la nature. C’est en ayant un état des lieux de la biodiversité clair et étayé que l’on peut alors définir les politiques publiques qui s’imposent pour la sauvegarder et lui permettre, le cas échéant, de se régénérer.

C’est en effet souvent par méconnaissance que nous avons détruit des milieux que l’on pensait alors « sans intérêt écologique ». Pour élaborer une législation efficace que ce soit en matière d’urbanisme ou encore d’agriculture, il faut avoir les données initiales !

Un volume de travail colossal

Le territoire français est vaste… Et ceci sans même parler des territoires d’Outre-mer. Avoir une connaissance suffisamment fine de la présence des espèces, toutes les espèces, pour légiférer à la hauteur des enjeux de biodiversité est une tâche qui nécessite de nombreux bras et de nombreuses bonnes volontés.

L’objectif n’est pas de découvrir de nouvelles espèces mais à la fois de connaître de la manière la plus fine possible leur répartition sur le territoire et de les suivre dans le temps pour comprendre et analyser leur dynamique. C’est à partir de ces données sur notre « biodiversité ordinaire » que l’on peut ainsi déterminer quelles espèces sont en difficulté et commencer à extrapoler sur ce qui peut les amener à disparaître.

De manière générale, il est encore très difficile de dire combien il y a d’espèces en France et ce en grande partie parce que les territoires d’outre-mer mériteraient bien plus d’attention. Il suffit de ne citer que les invertébrés pour comprendre l’ampleur de la tâche : plus de 40.000 espèces !

essor sciences participatives

Observer et compter les oiseaux – © Evgeny Haritonov

OPEN est une plateforme qui réunit tous les programmes français de sciences participatives. Les Observatoires Participatifs des Espèces et de la Nature (OPEN) sont autant de moyens pour tout un chacun de participer à l’amélioration de nos connaissances en matière environnementale.

Quels risques et problématiques dans l’essor des sciences participatives ?

La notion de sciences participatives a bien des avantages notamment celui de sensibiliser et responsabiliser les personnes qui participent aux différentes actions de recensement, suivi ou encore d’observation.

Mais la qualité des données récoltées est à prendre en considération. D’une part, les personnes qui les collectent ne sont pas des professionnels ou peu d’entre elles le sont. D’autre part, elles ne sont pas formées ni à la collecte de données, ni à la reconnaissance des espèces. Ce n’est pas forcément un problème en soi, mais c’est une limite de taille à l’exploitation des données, chose qui doit être prise en considération.

La quantité de données glanées sur le terrain est aussi un facteur important à prendre en compte. Il est aussi logique qu’inévitable qu’il y ait des disparités d’une région géographique à une autre sur le nombre de personnes qui participent et donc sur le volume et la régularité des données collectées. Certains découpages administratifs de ZNIEF et autres zones Natura2000 ont déjà des limites administratives qui ne prennent pas en compte les réalités du terrain justement à cause de ce problème !

A-t-on besoin de professionnels ?

Enfin, qu’en est-il de la professionnalisation des personnes qui travaillent dans le secteur de la biodiversité ? De plus en plus d’étudiants de filières spécialisées arrivent sur le marché du travail chaque année, alors faut-il imaginer toujours et encore une protection de l’environnement qui soit gratuite ?

Les gens qui ont décidé de faire de la protection de l’environnement leur métier doivent-elles être condamnés à mal gagner leur vie ou à avoir du mal à trouver un emploi ? La sauvegarde de la nature ne mérite-t-elle pas que l’on investisse aussi dans une filière professionnelle ?

essor sciences participatives

Professionnel de la nature au travail – © aaltair

Cela fera bientôt 40 ans que les Restos du Coeur ont été créés. Ils ne devaient servir qu’une seule année. Depuis, l’État n’a fait que déléguer le problème de la faim en France à la société civile, aux associations et aux bénévoles.
Cela n’a pas du tout réglé le problème, au contraire, alors pourquoi et comment le même mode de fonctionnement pourrait réussir pour la protection de l’environnement ?

Article republié

Illustration bannière : Naturaliste au travail – © Lena_viridis
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1 commentaire Donnez votre avis
  1. Pourquoi opposer l’investissement dans les emploi dans la protection de la nature et la biologie à la science participative ? Pensez-vous que les citoyens qui participent à ce type de programme « volent » le travail de professionnels ? En réalité ces collectes de données nécessitent des emplois de professionnels en appui pour la pédagogie, l’animation et le traitement des données, ce n’est donc pas pertinent comme critique.

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