Éthiopie : des salariés payés une misère pour fabriquer des vêtements H&M et Calvin Klein

Quel est le nouveau pays recherché par les grands noms internationaux du vêtement ? Réponse: l’Éthiopie où il n’existe tout simplement aucun salaire de base.

Rédigé par Paul Malo, le 9 May 2019, à 10 h 15 min
Éthiopie : des salariés payés une misère pour fabriquer des vêtements H&M et Calvin Klein
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En Éthiopie, les travailleurs de l’industrie du vêtement ne gagnent que 23 euros par mois. Dans des conditions bien pires encore que celles pratiquées au Bangladesh ou en Chine !

Industrie textile en Éthiopie – Un salaire de seulement 26 dollars par mois

Aurez-vous vraiment toujours envie d’acheter des vêtements Guess, Tommy Hilfiger, H&M ou Calvin Klein en sachant cela ? Déjà, les conditions de travail et de rémunération au Bangladesh scandalisaient le monde entier. Mais le nouvel enfer mondial du vêtement fait pire encore : les Éthiopiens sont désormais les travailleurs les moins payés de l’industrie mondiale du vêtement.

De quoi attirer bien des marques cherchant encore et toujours à optimiser leurs marges et leurs bénéfices.

Vitrine d’un magasin H&M © Venturelli Luca / Shutterstock

Selon un rapport publié le 7 mai 2019 par le Centre Stern pour les affaires et les droits de l’Homme de l’université de New York, les salariés des usines de ce pays ne touchent que 26 dollars (soit 23 euros) par mois.

Selon ce rapport baptisé « Fabriqué en Éthiopie : les défis de la nouvelle frontière de l’industrie du vêtement », les salariés du Bangladesh gagnent pour leur part 95 dollars (85 euros) par mois, ceux du Kenya, 207 dollars (185 euros) et ceux de Chine, 326 dollars (291 euros)(1).

Jeunes salariées éthiopiennes, chefs asiatiques

L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, compte 105 millions d’habitants vivants encore largement de l’agriculture et souvent confrontés aux sécheresses. D’où, sans doute, la volonté du pays de créer une marque « made in Ethiopia » et de faire passer ses exportations de vêtements de  145 millions de dollars par an (129 millions d’euros) à environ 30 milliards (27 milliards d’euros).

Un objectif « irréaliste », estime le rapport, sans  instaurer un salaire minimum et élaborer un plan sur le long terme pour renforcer l’industrie du vêtement.

Le salaire minimum n’existe pas en Ethiopie. © Pinar Alver / Shutterstock

Dit autrement, le salaire de base trop faible, recherché par les marques mondiales et les fabricants étrangers, ne suffit pas pour que les salariés puissent en vivre. Conséquence : des grèves à répétition, une productivité très basse et un turnover tellement important que, dans certaines usines, l’intégralité des salariés sont remplacés, en moyenne, tous les douze mois.

À cela s’ajoutent de forts conflits culturels entre les nombreuses jeunes femmes travaillant dans ces usines et des chefs venus du Sud ou de l’Est de l’Asie.

L’Éthiopie fait tout ce qui est en son pouvoir pour attirer les investisseurs étrangers. L’eau et l’électricité sont quasi gratuites et les loyers sont au taux de 10 % du marché, notamment dans le secteur du textile.  Mais dans cette logique économique, la population rurale et l’environnement sont (comme d’habitude…) les plus grands perdants !

Illustration bannière : Ouvriers textiles dans un atelier d’Addis-Abeba en Ethiopie – © Pinar Alver / Shutterstock
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