Peut-on faire confiance à l’étiquette énergie ?

L’étiquette énergie fut instaurée par l’Union européenne dans les années 90. Les fabricants sont sommés de l’afficher sur leurs produits en magasins, mais cette démarche est basée sur l’auto-déclaration : c’est-à-dire qu’ils sont tenus de les remplir honnêtement, en suivant des normes de mesure et de déclaration précises. Mais peut-on vraiment leur faire confiance ?

Rédigé par Guide TopTen, le 10 May 2016, à 10 h 15 min
Peut-on faire confiance à l’étiquette énergie ?
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Le retentissant scandale Volkswagen et les soupçons de fraudes aux tests anti-pollution par d’autres fabricants automobiles mettent à mal la confiance que l’on peut accorder aux déclarations des industriels. On est ainsi en droit de se demander si des tricheries du même type ne seraient pas pratiquées dans d’autres domaines, par exemple celui de la performance énergétique des appareils électroménagers. Lorsque la fameuse étiquette énergie nous dit que tel modèle est de classe A+++, peut-on vraiment le croire les yeux fermés ?

Trois questions essentielles se posent, que consoGlobe.com a soumises à Sophie Attali, responsable du guide d’achat Topten qui renseigne les consommateurs sur les produits les plus économes en énergie.

Les étiquettes énergie sont-elles contrôlées et par qui ?

Sophie Attali du Guide TopTen

Sophie Attali du Guide TopTen

Les pouvoirs publics ont la responsabilité d’effectuer des contrôles réguliers des déclarations des fabricants. Mais jusqu’à récemment, il faut avouer que c’était peu le cas, notamment en France. L’efficacité énergétique n’était pas considérée comme prioritaire par rapport à la sécurité des produits par exemple.

Il y avait donc urgence à exercer plus de pression pour s’assurer que les fabricants font des déclarations correctes et les magasins affichent les étiquettes comme il faut.

Heureusement, les choses bougent un peu. Il y a plus de coopération entre pays européens pour tester des produits et mutualiser les coûts, et plusieurs campagnes de vérification ont été menées récemment, sur les réfrigérateurs, les lave-linge et les téléviseurs notamment. On peut citer le projet MarketWatch(1) mené par une coalition d’associations environnementales et de consommateurs qui ces trois dernières années, a testé des produits et vérifié la présence des étiquettes énergie dans de nombreux magasins.

Les performances déclarées sur les étiquettes énergie sont-elles vraiment honnêtes ?

Les opérations de contrôle menées jusqu’à présent en Europe n’ont pas révélé de gros scandales du type Volkswagen. Mais il arrive quand même que des étiquettes soient fausses – au niveau de la classe énergétique ou d’autres informations -, ou que des fabricants abusent des tolérances autorisées pour gonfler leurs déclarations, ce qui est fréquemment le cas pour les ampoules par exemple.

Il est difficile de chiffrer le taux d’étiquettes non conformes car les échantillons contrôlés ne sont pas forcément représentatifs de l’ensemble du marché. On peut quand même être rassurés : la majorité des cas de non-conformité portent sur des aspects secondaires et ne relèvent pas forcément de fraudes délibérées. Une illustration : une série de tests sur les téléviseurs(2)a identifié 8 % de non-conformités techniques avérées, portant sur la luminosité ou la mise en veille automatique, mais pas sur la classe énergétique.

Ceci dit, pour que l’étiquette joue son rôle, il ne faut pas seulement que les déclarations soient honnêtes, mais aussi que les étiquettes soient bien mises à la disposition des consommateurs sur les produits. Là, il y a encore beaucoup de progrès à faire pour certains produits : trop de téléviseurs, de climatiseurs ou de fours ne sont pas étiquetés du tout ! Et c’est encore pire pour les magasins en ligne : on peut estimer qu’environ 20 % des appareils vendus sur internet ne sont pas accompagnés de l’étiquette énergie qui est, rappelons-le, pourtant obligatoire. Impossible alors pour le consommateur de comparer et d’acheter en conscience.

Les informations fournies sur l’étiquette sont-elles représentatives de l’usage réel des appareils ?

Etiquette-energetique-etiquette-energie-confianceAdmettons que la plupart des déclarations des fabricants soient vraiment fiables. Toutefois, pour que les étiquettes soient sans ambiguïtés et facilement comparables, il faut que les appareils aient été mesurés dans des conditions très précises et normalisées.

Bien souvent, ces conditions ne prennent pas en compte toutes les configurations et tous les types d’usage possibles. Il faut donc garder à l’esprit que la consommation d’énergie mentionnée sur l’étiquette est une indication, car elle a été mesurée dans des conditions particulières. Une personne peut utiliser son appareil de façon plus ou moins intensive : il peut y avoir des variations d’usage très importantes.

Les organismes qui définissent les normes de mesure essayent de se caler le plus possible sur un comportement « moyen », et la bonne nouvelle est que les normes font des progrès. Certes, elles restent insuffisantes, mais il s’agit d’un processus très lent.

Par exemple, avant 2011, les lave-linge n’étaient mesurés que sur un programme à 60°C pleine charge. À présent, les tests s’effectuent sur la base de différents programmes à des températures et des charges variées, plus représentatifs de la manière dont nous utilisons réellement nos appareils.

En conclusion, vous continuez à faire confiance à l’étiquette énergie pour nous donner une information fiable…

Malgré les critiques que l’on peut lui adresser, l’étiquette énergie reste un outil très important pour informer les consommateurs et pousser les fabricants à proposer des produits plus efficaces en énergie. Il suffit de regarder l’impact des dernières étiquettes introduites : celle sur les télés s’est accompagnée d’une baisse de l’ordre de 30 % de la consommation moyenne des modèles vendus en deux ans. Un progrès du même ordre a été constaté sur les aspirateurs en un an ! Les consommateurs ont donc accès à des appareils vraiment plus efficaces.

Prenons donc le temps de bien comprendre et regarder les étiquettes énergie avant de faire nos achats. En cas de doute, n’hésitons pas à creuser les informations auprès des distributeurs ou sur internet. Un appareil électroménager nous suivra pendant 10 à 15 ans, cela mérite bien qu’on prenne quelques minutes pour s’assurer de faire le bon choix.

Illustration bannière : étiquette énergétique pour la maison – © LvNL Shutterstock
Références :
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1 commentaire Donnez votre avis
  1. Eh OUI, depuis Volkswagen ( je suis un pro de l’Auto) tout doit être vérifié. Si on avait du citer un constructeur Auto qui « triche » on aurait pensé à bien d’autres.
    J’ai acheté un Réfrigérateur INDESIT qui avait une belle étiquette MAIS 6 mois après le SAV a ajouté une résistance pour réchauffer le coté Congélateur qui refroidissait TROP.
    J’en conclus aisément que les valeurs de l’étiquette ne sont pas les VRAIES

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