Depuis 1992, l’étiquette énergie renseigne et guide les consommateurs européens sur la capacité énergétique des appareils qu’ils achètent.
Mais elle est aujourd’hui menacée par la pression des industriels, qui veulent faire passer leurs intérêts au détriment d’une information transparente des consommateurs.
L’étiquette énergie modifiée
En effet, la communauté européenne prépare actuellement une modification de cette étiquette, avant de l’appliquer sur de nouveaux produits tels que les téléviseurs.
Toutefois, au lieu de maintenir son principe universel (où A indique ce qu’il y a de plus performant sur le marché), elle envisage une révision loufoque de l’étiquette avec de nouvelles classes au-dessus de A mêlant de cette façon des chiffres et des lettres : A1, A2, A3…
De quoi rendre l’étiquette incompréhensible et tromper le consommateur, puisque la classe A en perdrait sa valeur de référence.
Pourtant, la logique consisterait à garder tout simplement l’échelle connue de A à G en la rééchelonnant régulièrement. Cependant, quelques fabricants de produits très influents à Bruxelles et dans les États membres font pression pour empêcher que leurs produits soient déclassés lors des révisions.
D’où cette idée d’une échelle ouverte infinie où le consommateur ne s’y retrouvera plus pour déterminer quelle classe correspond aux meilleurs produits…
« À l’heure où la maîtrise de l’énergie et l’information du consommateur sont affichées comme des priorités, il est stupéfiant de voir l’Union européenne se compromettre à détruire un des outils les plus efficaces qu’elle ait inventé » a déclaré Raphaël Claustre, du CLER.
D’autant que les arguments soulignés par les fabricants sur l’effet d’un déclassement de leurs produits ne sont en aucun cas démontrés.
Par contre, plusieurs études financées par le Bureau européen des Unions de Consommateurs révèlent que les consommateurs européens sont aisément en faveur de la conservation d’une étiquette A-G simple et claire, et d’une révision régulière de l’étiquette sous sa forme existante.
C’est donc aux États membres de trouver un accord dans les jours à venir. L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne mais aussi la Pologne en tout cas semblent prêtes à tromper l’information du consommateur pour soulager les seuls industriels.
La France, elle, est indécise. « Nous appelons vivement le gouvernement français à se ranger du côté du bon sens en défendant une étiquette A-G efficace et simple, dans l’esprit du Grenelle de l’Environnement. Et nous demandons à l’Union européenne de ne pas se décrédibiliser par un choix absurde qu’aucun consommateur ne comprendrait » conclut Emilie Johann de Greenpeace France.
Les associations de protection de l’environnement, la fédération européenne des associations de consommateurs, la fédération européenne des distributeurs et de nombreuses autres organisations ont naturellement pris position pour le maintien de cette étiquette A-G.
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