Selon un rapport publié fin juillet, les populations de poissons d’eau douce migrateurs ont chuté de 76 % en moins de 50 ans. Un constat alarmant qui nécessite une réelle prise de conscience et la mise en place de mesures urgentes.
Un déclin moyen de 93 % en Europe
À cause du développement de l’hydroélectricité, la surpêche, du changement climatique et de la pollution, les populations de poissons d’eau douce migrateurs ont chuté de 76 % en moyenne depuis 1970. Un constat qui a été publié fin juillet dans le premier rapport mondial complet sur l’état des poissons migrateurs d’eau douce, par la World Fish Migration Foundation et la ZSL (Zoological Society of London)(1).
Le rapport s’appuie sur l’observation des populations de 247 espèces de poissons à travers le monde telles que le saumon, la truite, l’esturgeon ou encore le poisson-chat d’Amazonie. Il révèle de grandes disparités entre les continents. Pour la période de 1970 à 2016, il indique un déclin moyen de 93 % en Europe contre 84 % en Amérique centrale et dans les Caraïbes et 28 % en Amérique du Nord.
Les barrages empêchent les poissons de circuler
Selon les scientifiques, si le taux est le plus bas en Amérique du Nord c’est parce que près de 1.500 barrages y ont été démantelés. Ainsi, ces destructions permettent aux poissons migrateurs de mieux circuler pour atteindre leurs zones de reproduction ou d’alimentation.
À l’inverse, avec 1.000 centrales hydroélectriques déjà installées et 400 autres en construction, la Bulgarie, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie et l’Ukraine sont déjà saturées.
En Europe, il y aurait 1,2 million d’obstacles à la circulation des poissons migrateurs. Néanmoins, dans sa stratégie pour la biodiversité, l’UE vise à l’horizon 2030 « la restauration d’au moins 25.000 kilomètres de rivières à écoulement libre ».
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Agir maintenant
« Les pertes catastrophiques des populations de poissons migrateurs montrent que nous ne pouvons pas continuer à détruire nos rivières. Cela aura d’immenses conséquences pour l’humain et la nature dans le monde entier. Nous pouvons et devons agir maintenant avant que ces espèces clés ne disparaissent pour de bon » a alerté Arjan Berkhuysen, le directeur général de la World Fish Migration Foundation.
Freshwater #Migratoryfish are ecologically, culturally, economically, and recreationally important ! DYK that their populations have declined by #76percent on average ? Time to change this ! Get involved today – join #worldfishmigrationday #LPImigratoryfishhttps://t.co/x8FeVuNlYy pic.twitter.com/huRa4EPLs0
— Fish Migration (@fishmigration) July 28, 2020
Par conséquent le rapport préconise un plan de rétablissement d’urgence qui prévoit notamment de permettre aux rivières de couler plus librement et plus naturellement, d’améliorer la connectivité des rivières et des voies navigables, de réduire la pollution et la surpêche et de protéger les zones humides.
Il appelle aussi à une meilleure surveillance scientifique des espèces, à des campagnes pour susciter la volonté politique et publique de protéger les animaux d’eau douce, et à des investissements dans des alternatives durables aux barrages hydroélectriques.