Les Galeries Lafayette se lancent dans la mode durable : la nouvelle collection de leur marque propre, Fashion Integrity, est 100 % durable et joue sur la transparence de la filière. Mais Fashion Integrity, c’est aussi un succès de collaboration entre les salariés des Galeries Lafayette et un succès d’ « intrapreneuriat », comprenez entrepreneuriat à l’intérieur de l’entreprise.
Rencontre avec Charlotte Dieutre, à l’origine de ce projet des Galeries Lafayette
consoGlobe.com – Parlez-nous un peu l’origine de ce projet.
Charlotte Dieutre – Le projet Fashion Integrity est né il y a deux ans d’un challenge innovation lancé au sein du groupe Galeries Lafayette, auprès de ses 14.000 collaborateurs. Il s’agissait de présenter un projet qui proposait une innovation pour les clients du groupe.
Avec deux autres collègues, nous avons proposé le projet qui s’appelait au départ « 100 % traçabilité ». Les étapes de sélection ont duré six mois, où nous avons monté le business plan, étudié la faisabilité du projet, passé devant plusieurs jurys… Nous avons finalement été lauréats du challenge. Nous ne venions pas du milieu de la mode, j’étais responsable RSE et ma collègue venait du juridique et c’est donc grâce à la collaboration de l’ensemble du groupe, notamment des acheteuses, que notre projet a pu voir le jour : une belle réussite collective.
consoGlobe.com – Quelle est l’innovation majeure de Fashion Integrity ?
Charlotte Dieutre – Il s’agit de pouvoir tracer la filière d’approvisionnement du champ jusqu’au cintre. Pour nos marques propres, nous suivons déjà de près la filière d’approvisionnement avec des audits sociaux réguliers à l’intérieur des usines. Toutefois, la partie amont, avant l’arrivée du tissu en usine, est très opaque : le principal défi était de pouvoir tracer le coton à partir du champ. Nous avons travaillé avec Bioré, un label environnemental suisse, le seul à pouvoir tracer la matière jusqu’à sa source.
Les paysans travaillant avec Bioré suivent des formations à la production sans pesticides, leur fondation investit dans des programmes d’éducation dans les villages : un label engagé et fiable.
L’objectif est vraiment de pouvoir assurer au client un habit 100 % transparent, pour qu’il n’ait pas à se poser de questions sur ce qu’il porte. Chaque habit porte un QR Code que le client peut scanner afin de retrouver toutes les informations sur le site internet : audits sociaux, environnementaux, coordonnées des usines… Cela répond à un vrai besoin de la part du consommateur.
consoGlobe.com – De quoi sont composés les habits de la collection ?
Charlotte Dieutre – Ils sont fabriqués en coton bio, teints avec des produits écologiques certifiés Oëko-Tex. L’objectif était de pouvoir réaliser des habits attrayants, faire de beaux produits, pour ne pas attirer que les gens déjà engagés. Il s’agissait également de garder un prix accessible : nous ne sommes pas une marque de luxe !
Le coton est produit en Inde et en Tanzanie, filé en Inde et les habits sont confectionnés dans une usine en Lituanie. Les habits font tout ce trajet pour pouvoir passer par des filières certifiées, où nous sommes assurés que les travailleurs ne sont pas exploités et que le coton bio ne sera pas mélangé à d’autres matières. D’ailleurs, l’usine lituanienne fait partie du programme Detox de Greenpeace. Nous sommes également vigilants quant au transport des pièces.
consoGlobe.com – Les Galeries Lafayette ambitionnent de devenir « la référence mondiale d’un commerce à la française, éthique et responsable ». Fashion Integrity, c’est le premier pas vers une mode plus durable ?
Charlotte Dieutre – Les Galeries Lafayette ont déjà bien avancé dans le domaine du développement durable et de la RSE : diminution de l’impact carbone lié aux transports, audits sociaux, éclairage économe dans les magasins, don de plus de 200.000 pièces invendues à des associations… Nos conseillères clients sont également formées aux enjeux du développement durable afin de faire passer des messages auprès des clients.
Nous souhaitons qu’à terme, tous les produits vendus en marque propre soient 100 % traçables. Nous travaillons déjà sur d’autres matières, comme la laine ou le cachemire. C’est un travail de fourmi, puisqu’il faut remonter toutes les filières textiles. Le lin par exemple, est produit en France mais nous voulons veiller à le faire confectionner au plus près : nous recherchons des usines au Portugal ou au Maghreb.
Nous voulons inclure d’autres marques dans le mouvement Fashion Integrity : qu’elles profitent de nos efforts pour, elles aussi, proposer des habits durables et traçables. Notre mot d’ordre : devenez tous Fashion Integrity !