La Fashion Revolution, c’est une semaine d’événements et une journée spéciale pour inciter les grandes marques de mode à plus de transparence et prendre leurs responsabilités en ce qui concerne la fabrication textile. L’objectif ? Sensibiliser consommateurs, professionnels et pouvoir publics sur les travers de la mode et obliger les grandes marques à rendre publique la traçabilité des vêtements.
10 ans après la catastrophe du Rana Plaza, Fashion Revolution continue de se mobiliser pour une mode plus éthique, plus durable et plus responsable
Savez vous qui a fabriqué vos vêtements ? Combien de personnes ont été exploitées pour confectionner le t-shirt bon marché que vous portez ? Voici le genre d’informations sur les chaînes de production du textile, que le collectif Fashion Revolution voudrait rendre obligatoire sur toutes les étiquettes. Tous les ans, pendant une semaine, il appelle marques et consommateurs à joindre leurs forces autour d’un message fort : il est urgent de consommer différemment.
Le vrai pouvoir est entre les mains des consommateurs. À présent, grâce aux hashtags #FashionRev et #WhoMadeMyClothes, nous pouvons tous contribuer à rendre la mode plus transparente et responsable.
La démarche est simple : il suffit de se prendre en photo avec ses vêtements à l’envers afin de dévoiler l’étiquette ou tout simplement, de la montrer, puis interpeller les marques sur les réseaux sociaux.
Le message conseillé est le suivant : « Je veux remercier ceux qui ont fabriqué mes vêtements, @(marque) #Jeveuxsavoir #WhoMadeMyClothes ? »
Les marques ont ensuite l’opportunité d’apporter des réponses concrètes aux consommateurs, et de présenter qui se cache derrière les vêtements qu’elles produisent en indiquant le hashtag : #ImadeYourClothes
L’année dernière, ce sont déjà plus de 700 000 personnes de 70 pays différents qui ont contribué au mouvement en utilisant ces hashtags.
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Pourquoi faire une « révolution de la mode » le 24 avril ?
Le mouvement Fashion Revolution a vu le jour en Angleterre, à l’initiative des dessinatrices Carry Somers et Orsola de Castro, après l’effondrement du Rana Plaza, un bâtiment qui hébergeait plusieurs ateliers textiles à Dhaka, capitale du Bangladesh.
Le 24 avril 2013, ce bâtiment s’est écroulé, piégeant à l’intérieur plus d’un millier de travailleurs qui, le jour précédent, avaient été évacués à cause de fissures dans les murs. Pourtant, les propriétaires des ateliers de confection avaient forcé les employés à reprendre le travail, sous peine d’être mis à la porte sans percevoir leurs salaires. L’histoire s’est soldée par 1138 morts et plus de 2500 blessés.
Une tragédie loin d’être unique dans le secteur textile… Mais les répercussions médiatiques ont fait du Rana Plaza une icône de la prise de conscience des conditions pénibles régnant dans les ateliers de confection des grandes marques.
La concurrence exacerbée entre les marques afin « d’offrir » des prix de vente au plus bas, tout en obtenant un maximum de profits, conduit à l’ouverture d’usines dans les pays émergents ou en voie de développement, comme l’Inde, la Chine ou le Bangladesh. Les salaires minimaux y sont beaucoup plus bas que ceux des pays d’où proviennent les grandes firmes de mode (la Suède pour H&M, l’Espagne pour Inditex, etc), et la législation en termes de protection des travailleurs et d’aménagement des ateliers est beaucoup plus flexible, voire inexistante.
Les économies quant aux coûts de production ont des conséquences catastrophiques pour tous ceux qui fabriquent nos vêtements : contamination par des produits chimiques, maladies, espérance de vie réduite, et comme on l’a vu avec le Rana Plaza, la mort parfois.
Cependant, il n’y a pas que le « Made in Asia » qui pose des soucis : les conditions de travail dans certains pays européens ne sont pas vraiment meilleures. Une campagne de Clean Clothes Campaign a montré qu’en Bulgarie et en Bosnie par exemple, le salaire minimal des travailleurs du textile ne leur permet de couvrir que 70 % de leurs besoins alimentaires. Ainsi même avec une moyenne de 108 heures de travail hebdomadaire, les employés des ateliers de confection bulgares ne peuvent pas survivre sans crédit.
L’urgence de payer décemment l’ensemble des travailleurs des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Alors que nos modes de consommation occidentaux sont en cause dans la dégradation des écosystèmes et l’exploitation humaine, l’industrie de la mode persiste à refuser la transparence et de prendre ses responsabilités… « Nous aimons la mode. Mais nous ne voulons pas que nos vêtements exploitent les gens ou détruisent notre planète. Cette année, nous nous réunissons en tant que communauté mondiale pour concrétiser notre manifeste pour une révolution de la mode. » Une pétition pour un salaire équitable pour tous les travailleurs de l’industrie de la mode est en ligne : « Nous avons besoin d’un million de signatures de citoyens de l’UE d’ici juillet 2023 afin de faire pression pour une législation révolutionnaire qui oblige les entreprises à faire preuve de diligence raisonnable en matière de salaire vital dans leurs chaînes d’approvisionnement mondiales. »
La Fashion Revolution 2023 veut amplifier les voix inaudibles de toute la chaîne d’approvisionnement de la mode, pour changer la situation inhumaine que vivent de nombreux travailleurs de l’industrie de la mode partout dans le monde.
Découvrir les détails de la campagne 2023 sur le site Internet de Fashion Revolution.
Cette année encore, débridez votre créativité sur papier ou imprimer une affiche à coller sur les carreaux ! Partager vos plus belles photos sur les réseaux sociaux avec le tag @fash_rev_france.