Dans les semaines à venir, tous les utilisateurs de TikTok âgés de moins de 18 ans seront confrontés à un message les informant que leur temps d’écran quotidien est désormais limité à une heure, pour leur bien-être. Ce message occupera les trois quarts de l’écran de leur smartphone à l’ouverture de l’application et interrompra leur navigation dès qu’ils auront visionné plus d’une heure de vidéos, au cours de la même journée.
TikTok limite le temps d’écran aux utilisateurs de moins de 18 ans
Bien que la limitation du temps d’écran soit mise en place sur TikTok pour les utilisateurs de moins de 18 ans, cela ne signifie pas que l’accès à l’application sera bloqué. Les adolescents auront toujours la liberté de poursuivre leur visionnage en entrant un mot de passe. Toutefois, si un utilisateur dépasse les 100 minutes de connexion par jour, TikTok l’incitera à fixer lui-même une limite d’écran quotidienne. Des tests internes menés par l’application ont révélé qu’une telle mesure de sensibilisation a entraîné une hausse de 234 % du recours à ces outils de gestion du temps d’écran, qui sont souvent ignorés dans les paramètres de l’application.
Cette mesure instauré par TikTok fait suite à de nombreux reproches et incitations reçus par l’application, plusieurs décideurs ainsi que de nombreux parents reprochant au réseau social de créer une dépendance excessive des enfants. En 2022, les adolescents ont passé en moyenne 103 minutes par jour sur TikTok, dépassant ainsi Snapchat (72 minutes) et YouTube (67 minutes). L’application fait également l’objet de critiques concernant sa promotion de contenus liés aux troubles alimentaires et à l’automutilation auprès de ses jeunes utilisateurs.
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Des prédateurs qui incitent les plus jeunes à aller plus loin dans leurs contenus
Selon le youtubeur Lilian, alias Le Roi des Rats sur YouTube, TikTok, principalement utilisée par les jeunes, est également employée par des adultes, ainsi que de jeunes enfants âgés de 9 ou 10 ans, même si ces derniers n’ont pas légalement le droit de s’inscrire. Le Roi des Rats met en garde contre les prédateurs qui officient sur ce réseau social et ciblent les jeunes en écrivant des commentaires déplacés ou en les encourageant à aller plus loin dans leur contenu, surtout si celui-ci est sexualisé. Pour Lilian, ces adultes mal intentionnés se concentrent sur les jeunes en raison de la nature très narcissique de la plateforme, où les utilisateurs imitent souvent des personnalités à la fois peu vêtues et dansant de manière suggestive.
ByteDance, la société mère de TikTok, n’est pas étrangère à cette récente régulation du réseau social. En Chine, elle fait ainsi face depuis au moins 2018 à des demandes gouvernementales appuyées concernant sa limitation auprès des adolescents. Certains politiciens et éditorialistes accusent ByteDance et le gouvernement chinois d’être « malveillants », car en dehors de la Chine, TikTok a mis plusieurs années à imposer des limites en matière de temps d’écran. Pour Tristan Harris, co-fondateur du Center for Human Technology et ancien employé de Google, « c’est un peu comme s’ils reconnaissaient que la technologie influence le développement des enfants et qu’ils faisaient de leur version nationale une version saine de TikTok tandis qu’ils envoyaient la version opium au reste du monde ». En Chine, une autre version de l’application existe en effet. Baptisée « Douyin », elle fait l’objet depuis 2018 de contrôles parentaux et d’un mode « adolescent » s’apparentant en quelque sorte à un « YouTube Kids » ne proposant que des contenus placés sur « liste blanche ».
Reste que le système politique chinois permet une réponse rapide du gouvernement aux nouvelles plateformes technologiques. Que ce soit pour répondre aux préoccupations générales de la société, telles que l’addiction des adolescents aux réseaux sociaux, ou pour protéger les intérêts du gouvernement avec des outils de censure, le résultat est toujours le même : l’État peut exiger des modifications rapides et sans grande opposition de la part des plateformes concernées.
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En France, le gouvernement appelle à une mobilisation des réseaux sociaux pour protéger les enfants
La secrétaire d’État à la protection de l’Enfance, Charlotte Caubel, salue les mesures prises par TikTok en matière de temps d’écran, qu’elle espère voir suivies par d’autres plateformes. Toutefois, ces mesures ne répondent pas à toutes les préoccupations concernant la protection des données des utilisateurs et la nature des contenus accessibles aux enfants, précise-t-elle. Pour le ministre en charge de la Transition numérique, la limitation par défaut du temps d’écran est une avancée attendue qui s’aligne avec la volonté du gouvernement de généraliser le contrôle parental et la vérification de l’âge en ligne. Jean-Noël Barrot appelle cependant à une mobilisation accrue des grandes plateformes pour protéger les enfants en ligne.
Comme le souligne Le roi des Rats sur YouTube, malgré cette limitation de temps d’écran, beaucoup de choses échappent à la surveillance sur Tik Tok, notamment parce que la plateforme est encore récente et en développement. Alors, faut-il interdire ce réseau social aux 500 millions d’utilisateurs ? Est-ce aux parents de s’impliquer davantage dans les activités en ligne de leurs enfants pour discuter de ces sujets avec eux, notamment des situations ambiguës ou offensantes pouvant en ressortir ? Pour certains observateurs, il est important de ne pas diaboliser Tik Tok, car cette plateforme peut également favoriser la créativité et permettre aux utilisateurs de développer des projets ludiques et épanouissants.
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Pas seulement les ados, les soi-disant adultes aussi deviennent addicts à ce parasite, d’ailleurs, je me demande quel est en moyenne le temps passé par adulte sur ces réseaux dits sociaux ? Je me demande aussi combien de temps les politiques perdent à Twitter, pendant qu’ils sont payés ?