En 2020, les chaînes de supermarchés ont encore augmenté la rémunération de leurs dirigeants et les dividendes versés aux actionnaires. Dans le même temps, elles n’ont rien fait pour améliorer le sort des travailleurs en bout de leurs chaînes d’approvisionnement, en particulier les discriminations liées au sexe.
Filière du thé : les femmes ne peuvent espérer gagner autant que les hommes
Entre le deuxième et le quatrième trimestre 2020, les ventes de produits alimentaires dans les supermarchés ont augmenté de 11,1 %, contre une progression de tout juste 1,6 % sur la même période en 2019. Les supermarchés n’ont alors pas tardé d’augmenter la rémunération de leurs directeurs et cadres dirigeants ainsi que celle de leurs actionnaires : en effet, les chaînes de supermarchés cotées en Bourse ont distribué 98 % de leurs bénéfices nets à leurs actionnaires via les dividendes et les rachats d’actions.
En même temps, leurs initiatives visant à améliorer les conditions de travail en bout des chaînes d’approvisionnement se comptent sur le bout des doigts, dénonce Oxfam dans un nouveau rapport.
Et des problèmes, il y en a. En Inde, dans les plantations de thé d’Assam, il y a une division du travail selon le sexe, qui exacerbe les inégalités salariales : les femmes travaillent dans les champs alors que les hommes travaillent dans les usines.
Conséquence : les femmes gagnent 42,70 euros par mois en moyenne, tandis que les hommes en gagnent 53.
Crustacés et café : la condition des femmes n’est pas enviable
En Thaïlande, les femmes qui décortiquent les crevettes à longueur de journée font part d’horaires de travail inhumains, de restrictions quant à la fréquence des sorties aux toilettes, d’injures et de conditions de travail dangereuses. Là aussi, une différence dans la manière dont elles sont rémunérées existe : ces femmes sont payées pour le travail accompli, tandis que les hommes reçoivent tous les mois un salaire, assorti d’un filet de protection sociale en cas de maladie.
Et mêmes lorsqu’elles accomplissent les mêmes tâches que les hommes, les femmes sont payées 12,9 % de moins que les hommes en transformation des crustacés, 41,1 % de moins en pré-transformation et 29,5 % de moins en aquaculture.
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La vulnérabilité de ces travailleurs est d’autant plus importante que 50 % environ des 600.000 personnes travaillant dans le secteur de la pêche et de la transformation de crustacés en Thaïlande sont des immigrés birmans, souvent clandestins.
Au Brésil, dans la filière du café (dont ce pays est le premier exportateur mondial) aussi, des discriminations liées au sexe existent. Dans l’État de Minas Gerais, en 2019, la rémunération des hommes travaillant dans la filière du café était 16,2 % plus élevée que celle des femmes. Cela, non seulement parce que les femmes sont payées moins que les hommes en général, mais aussi parce qu’elles n’accèdent jamais aux métiers plus rémunérateurs, telles que conducteur de tracteur, responsable ou agent administratif.
Et cela, même si elles ont en moyenne un niveau d’éducation plus élevé (seuls 4 % des hommes travaillant dans la filière du café ont été à l’université, contre 14 % des femmes).
En France, Carrefour devrait réduire les disparités salariales, estime Oxfam
Les inégalités ne sont pas cantonnées aux pays en voie de développement. En France aussi, les supermarchés pourraient mieux faire, estime Oxfam. Bien que dans une mesure beaucoup moindre, les inégalités sont présentes au sein de Carrefour France par exemple : cotée en Bourse, la société a ainsi vu ses bénéfices augmenter de 107 % entre 2019 et 2020. Ses dividendes ont augmenté de 114 % sur la même période.
Si la pandémie a largement enrichi la grande distribution et ses actionnaires, les inégalités continuent de faire rage dans les chaînes d’approvisionnement. Aucune entreprise ne devrait pouvoir verser de dividendes tant qu’un salaire décent n’est pas garanti aux travailleur·se·s. pic.twitter.com/17X6RWhPh7
— Oxfam France (@oxfamfrance) June 24, 2021
Et pourtant, les inégalités criantes au sein du groupe sont toujours légion. Son PDG, Alexandre Bompard, gagne 430 fois plus que le salaire moyen de son entreprise.
Illustration bannière : Oxfam dénonce : « La grande distribution n’a pas de mesures adéquates pour s’attaquer aux violations du droit du travail qui frappent les femmes le long des chaînes d’approvisionnement – © Aleksandar Malivuk
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c’est infâme mais pas étonnant. Petite info dans les magasins carrefour, les chefs s’arrangent pour que les horaires soient à minima pour les caissières, rares sont celles qui gagnent le smic; en opérant un « turn over » à l’avantage du magasin, de ses horaires , la direction les payent donc au minimum légal