L’arrachage des vignes, « s’il est pensé, accompagné, organisé, peut être utile à l’ensemble de la filière », a déclaré Bernard Farges, selon les informations de l’AFP.
L’arrachage des vignes, un gage de compétitivité ?
La filière vinicole se porte mal. La baisse de la consommation de vins qui s’observe en France est conjuguée aux difficultés d’exportation à l’étranger (Brexit, instabilité du marché chinois et hong-kongais, taxation alourdie des vins français par les États-Unis…).
Dans ce contexte défavorable à la filière, Bernard Farges, le président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), n’hésite plus à évoquer des solutions radicales. « Osons parler d’arrachage ! », a-t-il lancé lors de l’assemblée générale de ce Conseil interprofessionnel qu’il préside, rapporte l’AFP.
Selon Bernard Farges, l’arrachage a jusque-là été abordé « frileusement ou timidement », mais il faut désormais le « mettre sur la table ». L’arrachage, « s’il est pensé, accompagné, organisé, peut être utile à l’ensemble de la filière, à Bordeaux comme ailleurs en France ou en Europe », rapporte l’AFP.
Il pourrait « accompagner des entreprises vers la cessation, le recentrage ou la diversification de leur activité, pour redonner aussi de la compétitivité en relevant les rendements à l’hectare », a-t-il déclaré.
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La filière viti-vinicole demande des compensations à l’État
Selon les estimations de la FNSEA, le principal syndicat agricole, la filière viti-vinicole enregistre aujourd’hui un manque à gagner de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, résultat de la fermeture administrative des restaurants, de la mise à l’arrêt du tourisme, de la fermeture des salons et l’annulation d’événements (mariages…).
En même temps, la filière (qui représente 600.000 emplois directs et indirects) a continué à fonctionner pendant la crise sanitaire et a versé 4,5 milliards d’euros de salaires sur 4 mois. Ses représentants estiment aujourd’hui très insuffisantes les mesures de soutien décrétées par l’exécutif : les exonérations de charges sociales ne seraient accordées qu’aux seules entreprises qui ont subi une perte de chiffre d’affaires d’au moins 80 % entre le 15 mars et le 15 mai 2020.
Si l’État ne se montre pas généreux avec les viticulteurs concernant les impacts de la crise sanitaire, il fait en revanche preuve de générosité face à l’alourdissement des taxes américaines à l’import. « Je vais redemander à nos partenaires européens qu’un fonds de compensation soit mis en place pour les viticulteurs français. Il peut être de l’ordre de 300 millions d’euros », a promis Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances.
L’arrachage des vignes, l’unique solution pour faire face à la crise ?
Selon Julien Hoffmann, fondateur du bureau d’étude DEFI-Écologique et auteur expert pour consoGlobe : « En temps de crise le vignoble français a toujours réagi par l’arrachage de pieds de vigne pour maintenir les prix. Mais le monde a changé et les contraintes environnementales sont désormais inévitablement à prendre en considération ».
Il interroge : « S’il s’agit de diminuer le volume de production pour maintenir les prix, pourquoi ne pas penser à passer tout le vignoble bordelais sous le cahier des charges AB puisque cela induirait de fait une baisse des rendements ? »
« Et si, tant qu’à parler d’arrachage de pieds de vigne malgré tout, plutôt que de penser à faire disparaître des parcelles entières pour favoriser des cessations d’activité, pourquoi ne pas penser à arracher un pourcentage dans chaque parcelle pour mettre en place plus d’IAE (Infrastructures Agro-Écologiques) telles que des haies, des arbres champêtres, des murs en pierres sèches, etc. ? ».
Illustration bannière : Les vignes du bordelais sont en difficulté – © FreeProd33
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