Souvenez-vous, c’était à Copenhague en 2009 lors de la 15e conférence des parties (COP 15) : les nations du Nord s’engageaient à mobiliser 100 milliards de dollars d’ici 2020, en faveur des pays du Sud pour lutter contre le réchauffement et pour l’adaptation. Alors que 2020 est sur le point de s’achever, Oxfam dénonce le fait que les montants déclarés par les pays riches développés ayant été accordés aux pays en développement afin de les aider à faire face à la crise climatique sont exagérés et souvent fournis sous forme de prêts et non de dons.
Un tiers des financements climat ont été octroyés sous forme de prêts
Faut-il faire confiance aux déclarations des gouvernements des pays riches quant à l’importance de leurs subventions au titre de financements climat ? Non, répond l’ONG Oxfam dans un nouveau rapport intitulé « 2020 : les vrais chiffres des financements climat ».
Les montants réels représenteraient plutôt un tiers de ceux déclarés : entre 19 et 22,5 milliards de dollars par an, contre les 59,5 milliards déclarés.
Comment est-ce possible ? D’une part, les bailleurs ont tendance à déclarer comme dons l’ensemble de leurs financements. Mais il faut savoir que deux tiers environ des financements octroyés le sont sous forme de prêts. Ils sont donc récupérables.
Selon les estimations d’Oxfam, sur la totalité des financements climat déclarés, 47 milliards de dollars, soit 80 %, ont été fournis sous forme de prêts. Cerise sur le gâteau, la moitié environ de ces prêts (24 milliards de dollars) supposent le versement d’intérêts !
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Les montants réellement alloués aux projets d’intérêt climatique sont exagérés
La France se distingue d’ailleurs par un recours très important aux prêts.
Selon les estimations d’Oxfam, sur la période 2017-2018, la France n’a fourni que 3,3 % de ses financements climat sous forme de subventions. « Le recours excessif aux prêts, tel que pratiqué par la France, est un scandale sans nom. Les pays les plus pauvres du monde, dont la plupart sont déjà confrontés à des niveaux intenables d’endettement, ne devraient pas être contraints de contracter des prêts pour faire face à une crise climatique dont ils ne sont pas responsables », déplore Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat et énergie à Oxfam France.
L’autre ruse des pays riches épinglée par Oxfam consiste à déclarer comme « financement climat » de vastes projets de développement, dont une partie seulement est consacrée à l’action climatique.
Dans ce rapport, Oxfam dénonce aussi le fait qu’environ un cinquième (20,5 %) des financements ont été alloués aux pays les moins avancés et seulement 3 % aux petits États insulaires en développement, qui sont pourtant les plus gravement menacés par le changement climatique et ont le moins de ressources pour y faire face.
Illustration bannière : La valeur réelle de l’aide ne représente qu’un tiers de la somme prévue : entre 19 milliards et 22,5 milliards de dollars © Riccardo Mayer
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