Construire les bâtiments du futur avec les dunes du Sahara ou de la péninsule arabique…C’est la vision des créateurs du Finite, un nouveau matériau de construction alternatif fabriqué avec du sable du désert. Une ressource surabondante mais boudée par les majors de l’industrie du bâtiment. Principalement pour raisons techniques : en effet, le sable des zones désertiques contient de « petites particules lisses qui sont difficiles à lier entre elles », explique Carolyn Tam, étudiante en architecture et initiatrice du projet avec Matteo Macario, Hamaza Oza et Saki Maruyami de l’Imperial College London et du Royal College of Art.
Un nouveau composite solide comme du béton
Pour lier le béton, les fabricants privilégient le sable des rivières et des rivages. Un bien menacé de pénurie et surexploité dans des conditions parfois douteuses et surtout dévastatrices pour l’environnement.
Bientôt breveté, le procédé innovant mis au point par ces futurs diplômés en ingénierie mécanique, architecture ou urbanisme se veut une alternative crédible et salutaire dans ce contexte.
Une empreinte carbone diminuée de 50 %
Et les premiers résultats sont encourageants. Finite garantit la même solidité que le béton conventionnel selon ses inventeurs. Facilement malléable, le matériau sert tout autant à la fabrication de blocs ou de briques de construction qu’à celle d’objets décoratifs comme des vases ou des bols. À l’inverse du béton, sa fabrication intègre facilement des colorants naturels.
Autre avantage du Finite : son bilan carbone. La production de béton conventionnel pèse selon certaines estimations 5 % des émissions de CO2 au niveau planétaire. Les inventeurs du Finite revendiquent une empreinte carbone deux fois moins importante. Le matériau est aussi biodégradable et réutilisable. « Son prix est quasiment le même que le béton. Mais en considérant qu’on peut le réutiliser encore et encore, le prix est plus bas », observe Carolyn Tam.
Début de commercialisation dans deux ans
Bref, il s’agit d’un matériau idéal pour les populations voisines d’étendues désertiques. En particulier celles du Moyen-Orient. « Certains pays ont beaucoup de sable qui n’a pas d’utilité. Le Qatar ou Dubaï en importent pour leur construction ce qui n’est pas du tout viable », juge Carolyn Tam.
Mais beaucoup reste à faire avant de révolutionner le monde du bâtiment. L’équipe prévoit de lancer la commercialisation du Finite dans deux ans. Certains cabinets d’architectes se montreraient déjà intéressés.
Les quatre étudiants, réunis au sein d’une start-up, espèrent monnayer leur expertise et la propriété intellectuelle de leur procédé de fabrication. Mais d’ici là, leur matériau devra passer par des phases d’homologation et de régulation. « Nous devons passer les tests d’humidité et d’incendie et celui des propriétés isolantes », indique Carolyn Tam.
Des structures d’accueil pour réfugiés
Reste aussi à améliorer les performances techniques du Finite. Les premières versions garantissent une durabilité de quelques mois. De quoi répondre aux exigences techniques de constructions temporaires. Par exemple les pavillons d’une exposition universelle ou des structures d’accueil pour réfugiés, puisque « les pays qui accueillent des réfugiés interdisent l’utilisation du béton », souligne Carolyn Tam.
Une première étape avant d’envisager des constructions plus durables. Dans un avenir plus ou moins proche, les quatre étudiants espèrent adapter le Finite à la construction de bâtiments résidentiels.