2.700 échantillons ont été prélevés sur 45 sites, au large de 9 estuaires, en aval et en amont de grandes villes situées sur les fleuves.
Nos fleuves sont pollués aux microbilles de plastique
On entend souvent parler de la pollution aux microplastiques au large des océans, mais qu’en est-il plus près de nos villes, dans les fleuves ? C’est à cette question que se sont donnés pour mission de répondre, les scientifiques de la Fondation Tara Océan, qui bénéficient de la coordination scientifique du CNRS et de l’appui de 17 laboratoires de recherche.
Pendant six mois, de mai à novembre 2019, ils ont sillonné les quatre façades maritimes européennes et ont prélevé des échantillons dans neuf des principaux fleuves d’Europe : la Tamise, l’Elbe, le Rhin, la Seine, l’Èbre, le Rhône, le Tibre, la Garonne et la Loire. Afin de se positionner au plus près des sources de pollution, le principe retenu a été de réaliser les prélèvements en aval et en amont de la première grande ville à forte population.
Et les résultats ne se sont pas faits attendre : parmi les prélèvements, les chercheurs ont retrouvé des microbilles présentes dans certains cosmétiques et dentifrices, mais aussi une forte proportion de « microplastiques secondaires », à savoir les fragments de plastiques s’étant décomposés sous les rayons du soleil.
Dans les fleuves aussi, le plastique se décompose
Selon Jean-François Ghiglione, chercheur au CNRS et directeur scientifique de la mission, ce constat a son importance dans la mesure où les scientifiques ont longtemps pensé que la transformation des plastiques en microplastiques se produisait uniquement en mer, sous l’effet du soleil et des vagues. Or, les prélèvements réalisés dans le cadre de cette expédition montrent que le même phénomène se produit dans les fleuves et leurs bassins versants.
Au cours de cette expédition, les chercheurs ont aussi fait une autre expérience. Ils ont immergé exprès dans les fleuves des réservoirs avec des microplastiques. Et le résultat a été édifiant : alors que ces plastiques ne présentaient aucun signe de toxicité avant leur immersion, leur séjour d’un mois dans les fleuves a suffi pour que leur toxicité s’avère positive.
Ayant passé un mois dans les fleuves, ces microplastiques ont accumulé à leur surface des polluants tels que des pesticides, des hydrocarbures et des métaux lourds. L’ingestion de ces microplastiques par les poissons et les oiseaux est donc d’autant plus préjudiciable qu’en ingérant les microplastiques, ils ingèrent aussi ces polluants.
Illustration bannière : Oie touchée par la pollution des fleuves – © RoStyle
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