Si vous aviez le choix, seriez-vous prêt à abandonner l’avion pour certains de vos déplacements ? C’est ce que font de plus en plus de Suédois, par souci d’écologie.
Des Suédois fiers de prendre le train
Ils ont honte de prendre l’avion, et donc de contribuer à polluer notre planète avec une empreinte carbone exagérée, et au fond inutile. Ce phénomène, en plein essor en Suède, a déjà un nom : le « flygskam », ce qui signifie littéralement la honte de prendre l’avion.
De plus en plus de voyageurs suédois décident donc de ne plus prendre l’avion, et sont, en revanche, fiers de prendre le train, quitte à perdre un peu voire beaucoup de temps. Après tout, le vrai luxe n’est-il pas de prendre son temps pour ceux qui le méritent ?
Cette tendance a tellement de succès en Suède, qu’un salon sur les vacances en train a même été organisé à Stockholm les 30 et 31 mars(1).
Et il ne serait pas étonnant, comme pour la musique, qu’après les voisins norvégiens et finlandais, l’idée se diffuse rapidement à travers le Vieux Continent. Comment est né ce mouvement ? Tout est parti du souhait de la Suédoise Susanna Elfors, en 2014, de voyager en train vers l’Allemagne et l’Italie. S’en suivra un groupe Facebook, nommé Tagsemester, qui compte aujourd’hui 74.000 membres, et a fait des émules dans les pays voisins.
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Une offre pas encore très adaptée
Pourquoi une telle idée ? Clairement plus pour des raisons écologiques que financières, dans un pays où, justement, les habitants prennent en moyenne cinq fois plus l’avion que les autres citoyens européens.
Inquiets pour le climat, les Suédois décident de se servir de leurs moyens de transports pour agir concrètement. À tel point que le nombre de passagers aériens sur certaines lignes intérieures commence à baisser.
À l’inverse, la fréquentation des trains entre les principales villes du pays bat des records. Il en va de même pour les trains de nuit utilisés pour les plus longs trajets. SJ, la compagnie ferroviaire historique suédoise, a vu sa fréquentation croître de 4,5 % en un an pour la clientèle d’affaires, et de 11 % pour les trains de nuit.
Pour autant, tout n’est pas rose quand on décide de remplacer la voie des airs par les voies ferrées. Certes, on gagne le temps perdu à l’aéroport et l’on se passe des fouilles de sécurité. Mais le temps de trajet, lui, est loin d’être le même quand on décide, par exemple, d’aller de Suède en Espagne ou en Italie via le train. Et les tarifs ne sont pas non plus si avantageux que cela, comparés à ceux de nombreuses compagnies aériennes low-cost, comme RyanAir.
Des appels d’offres pour traverser l’Europe en train
Se passer d’avion façon « flygskam », est-ce vraiment une bonne idée pour protéger la planète ? En fait, les transports aériens ne représentent que 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2. Mais leur impact sur le climat est en moyenne quinze fois plus important que celui du train.
Et même plus quand les trains font appel à de l’électricité d’origine nucléaire ou hydraulique, comme en Suède ou en France, justement.
Reste que, pour l’instant, les offres de train ne sont clairement pas adaptées pour faire face à une telle tendance du « train brag », « la fierté du train »(2). Le gouvernement suédois, qui veut atteindre la neutralité carbone en 2045, vient de lancer des appels d’offres pour des trains de nuit quotidiens relayant Stockholm et différentes capitales européennes.
Le gouvernement suédois prélève, par ailleurs, sur les billets de chaque passager, partant d’un aéroport suédois, une taxe de 6 à 40 euros. Il incite également les compagnies aériennes à mélanger du biocarburant à leur kérosène.