Une étude confirme que les chaluts de fond auraient des conséquences catastrophiques sur les eaux profondes.
Le chalutage de fond, une pratique controversée
On savait déjà que la pêche en eau profonde était une catastrophe pour les poissons des fonds marins, qui se renouvellent peu et sont lents à se reproduire. La pêche en eaux profondes détruit également des refuges de biodiversité, les coraux étant par exemple totalement détruits.
On se doutait donc bien que cette pêche avait des conséquences importantes sur la physionomie des grands fonds. Sans surprise, une étude l’a vérifié et les suites sont en effet loin d’être anecdotiques. L’étude, publiée dans la revue Nature, un hebdomadaire international consacré aux sciences, relance la polémique sur le chalutage.
Chaluts de fonds : conséquences déjà visibles en eaux peu profondes
Dans les années 60, les chalutiers ont commencé à pêcher les crevettes en faisant glisser les filets sur la surface de la mer, jusqu’à 800 mètres de profondeur. Personne ne se souciait vraiment des conséquences, même si les filets touchaient les canyons sous-marins.
Pourtant, déjà pratiqué en eaux peu profondes, le chalutage a des conséquences qu’il est aisé de constater. On peut ainsi voir flotter des sédiments à proximité des côtes, et la flore est arrachée. Jusque là, on ne disposait cependant pas d’un nombre conséquent d’informations concernant le chalutage en eaux profondes.
Des fonds marins durement touchés par le chalutage
C’est ainsi que le géologue marin Pere Puig et ses collègues ont décidé d’examiner de plus près une zone de pêche à la crevette en Méditerranée, au sud des côtes espagnoles.
L’équipe de l’Institut des Sciences Marines de Barcelone a utilisé des sous-marins contrôlables à distance. Ils ont ainsi pu observer de plus près les zones aplaties par le passage des chaluts de fond sur le talus continental, à plus de 200m sous la surface de la mer.
De curieuses pentes lisses sous-marines
L’érosion sous-marine et d’autres processus naturels découpent des vallées dans le paysage. L’équipe de Pere Puig a découvert d’autres types de pentes lisses en examinant les canyons. Pensant dans un premier temps que les pentes étaient liées à une cascade sous-marine, ils découvrent ensuite que la cascade n’atteint pas ces zones. Ces anomalies ont lieu dans une zone de pêche particulièrement exploitée : pour eux les chaluts ont gratté le limon des crêtes. Le limon aurait ensuite été déposé dans le fond du canyon.