Les flux de sédiments doublés dans les zones de chalutage
Les chercheurs ont passé les six mois suivants à vérifier leur hypothèse. Ils ont mesuré le flux de limon, ont filmé le fond et ont relevé des carottes d’échantillons du fond marin. L’équipe de Pere Puig a ainsi pu reconstituer une carte haute résolution des perturbations, qu’ils ont comparée avec des rapports de pêche détaillés, sur quatre ans.
Quand le chalutage était à son plein, le débit de limon était plus important. Les sédiments relevés étaient différents dans les zones de chalutage et dans les zones de non chalutage. La quantité de sédiments en mouvement aurait été doublée depuis les années 70 du fait du chalutage.
Des modifications profondes de l’habitat sous-marin
Le chalutage provoque un labourage systématique des canyons, ce qui amène le lissage de la pente continentale. L’habitat des créatures d’eau profonde est ainsi fortement modifié. Les mouvements de sédiments amènent des glissements de terrains des rives.
Cela confirme une fois de plus les réserves qu’avaient émises l’Organisation des Nations Unies, qui suggérait l’interdiction totale du chalutage en eau profonde. Puig considère lui que l’interdiction devrait être examinée au cas par cas.
Des espèces en voie de disparition
Les crevettes, qui concernent une grosse partie des pêches en profondeur, sont déjà considérées comme des animaux surexploités. Outre les crevettes, qui meurent jeunes, ce sont un grand nombre d’espèces sous-marines qui se réduit potentiellement.
Le biologiste marin Callum Roberts, qui travaille à l’Université de York au Royaume-Uni, explique ainsi que « les gros poissons aiment les habitats complexes » et que de manière plus générale « si les eux peu profondes sont un guide, cela va aussi changer la composition des espèces« . Selon les chercheurs, les changements du paysage marin durant le XXème siècle sont comparables à la déforestation, avec des conséquences négatives sur la faune et la flore marine équivalentes à celle que l’abattage des forêts a pu causer aux espèces terrestres.
Source : Nature | Images : © DR, CRG Marine Geosciences, Université de Barcelone – © CC, Mats Hagwall ; Deepwater Horizon Response ; Daniel Simpson ; Peter Grima ; Krystian Olszanski ; NOAA Ocean Explorer
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