Comment l’éradiquer avant qu’elle ne ravage tout sur son passage ? La fourmi de feu, l’une des espèces les plus invasives qui soit, a débarqué en Europe.
88 nids de fourmis de feu repérés en Sicile
C’est une catastrophe annoncée pour l’environnement et la biodiversité en Europe : la Solenopsis invicta, ou fourmi de feu, s’est désormais également installée chez nous. C’est ce que souligne notamment une étude tout juste publiée par la revue Current Biology(1), documentant la présence d’une population établie en Sicile, non loin d’une rivière.
« En moins d’un siècle, la fourmi sud-américaine S. invicta s’est établie et s’est répandue dans une grande partie des États-Unis, du Mexique, des Caraïbes, de la Chine, de Taiwan et de l’Australie, rappellent les chercheurs, tandis que son éradication n’a réussi qu’en Nouvelle-Zélande. » Les scientifiques ont repéré et documenté pas moins de 88 nids répartis sur cinq hectares près de la ville de Syracuse, où les habitants se plaignent de fréquentes piqûres de fourmis depuis au moins 2019. Là où elle s’installe, elle entraîne une diminution de la diversité des invertébrés et des petits vertébrés.
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Une propagation de 45 km par an
La proximité du port de fret de l’île, situé à 13 km de là, pourrait expliquer son introduction en Sicile. Pourtant, jusqu’à maintenant, l’Europe avait globalement été épargnée par cette espèce de fourmi, considérée comme l’une des plus invasives au monde. Elle tire son surnom de la force de ses piqures, qui provoquent une vive douleur, une sensation de brûlure. Son venin est tellement fort qu’il peut aller jusqu’à provoquer des réactions allergiques voire un choc anaphylactique.
Il faut dire que la Solenopsis invicta, originaire des forêts tropicales du Brésil, est tout sauf un insecte paisible. Selon les analyses génétiques menées par les chercheurs, les insectes présents en Sicile proviendraient de Chine ou des États-Unis. Aux États-Unis, la propagation de cette espèce est de 45 km par an. En effet, elle peut compter des centaines de reines, qui volent et se dispersent pour s’installer.
La moitié des grandes capitales en danger
Outre-Atlantique, elle a ainsi conquis plus de 128 millions d’hectares, et engendre à elle seule environ 6 milliards de dollars de dégâts par an. Désormais, selon les prévisions de cette étude, la fourmi de feu pourrait assez rapidement s’établir sur environ 7 % du continent européen. Et notamment dans la moitié des grandes villes telles que Barcelone, Londres, Paris ou Rome, suffisamment chaudes pour l’accueillir.
Maintenant qu’il est clair que la Solenopsis invicta a débarqué en Europe, et vu qu’il a été possible de l’éradiquer en Nouvelle-Zélande, les auteurs de l’étude appellent à se mobiliser pour détecter sa présence le plus précocement possible, « avant qu’elle ne se propage de manière incontrôlée ». Et que son venin ne tue une multitude d’animaux faibles, malades ou tout simplement jeunes.
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