C’est une habitude française, et aussi l’un de ses maux : si l’automédication est largement pratiquée, ses dangers sont bien souvent méconnus.
Automédication : une pratique très saisonnière
En 2018, huit Français sur dix avaient recours à l’automédication selon un sondage Harris Interactive pour l’Afipa, la fédération des fabricants de produits d’automédication(1). On recense environ 4.000 médicaments en vente sans ordonnance, dont près de 600 en accès direct en pharmacie. Près d’un quart de ces Français y ont recours régulièrement.
La bonne nouvelle, c’est que les ventes de médicaments sans ordonnance commencent à reculer au bénéfice des produits de santé « naturelle » avec l’aromathérapie, la phytothérapie, les probiotiques ou encore la micronutrition.
Pour quels maux les Français ont-ils recours à l’automédication ?
D’abord pour le rhume et l’état grippal (51 %), puis les maux de tête (46 %), l’état grippal (51 %) et maux de gorge (41 %). Ce qui explique qu’au-delà d’une pratique stable depuis quelques années, l’Afipa relève la forte saisonnalité de cet recours : 79 % en hiver, 40 % au printemps et 49 % l’été.
À noter que, toujours selon cette étude, l’automédication, qui concerne les médicaments en vente libre (sans ordonnance ou à prescription facultative), est davantage le fait des femmes (85 %) que des hommes (75 %).
Consulter la liste des onze médicaments visés ainsi que les conseils d’usage de l’ANSM – ici
Mais bon nombre expriment clairement un besoin d’informations, entre une éducation renforcée sur les problématiques de santé (41 %), un site officiel sur les produits d’automédication (39 %) et des fiches conseil sur les pathologies (32 %). Pour l’instant, pour s’informer, les Français s’appuient sur leur entourage (63 %), des sites spécialisés de santé (43 %) et même les brochures en pharmacie (40 %).
Près de six personnes interrogées sur dix (59 %) font, heureusement, confiance au pharmacien pour les conseiller.
La « liste noire » de l’automédication
Pourtant, tout est loin d’être rose en matière d’automédication. Le magazine 60 Millions de consommateurs en dresse même une « liste noire des médicaments dangereux ». En effet, dans les médicaments disponibles sans ordonnance, et parmi ceux les plus vendus, près d’un sur deux est « à proscrire ».
Toujours selon le hors-série du magazine de défense des consommateurs, un tiers de ces médicaments disponibles sans ordonnance est classé « faute de mieux » : cela signifie que leur efficacité est faible ou non prouvée mais qu’ils n’ont pas, peu ou très rarement d’effets indésirables.
Mais sur 60 médicaments passés au crible, près d’un sur deux (28) est « à proscrire », le rapport bénéfice/risque étant défavorable en termes d’automédication. En haut de cette liste noire, on retrouve très logiquement les « stars anti-rhume » : Actifed Rhume, DoliRhume et Nurofen Rhume. Des cocktails associant vasoconstricteur (nez bouché), antihistaminique (nez qui coule) et paracétamol ou de l’ibuprofène (mal de tête), qui cumulent risques de surdosage et effets indésirables conséquents (accidents cardiovasculaires, neurologiques, vertiges…).
L’association de consommateur avait en 2019 déjà « passés au crible » ces médicaments sous le contrôle du professeur Jean-Paul Giroud, un pharmacologue clinicien reconnu, membre de l’Académie de médecine, et Hélène Berthelot, pharmacienne. Les bon élèves, comme Vicks Vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe, Forlax 10 G, Maalox sans sucre sont « à privilégier », car ayant « un rapport bénéfice/risque favorable ».
Quelles précautions prendre ?
Pour pratiquer l’automédication en minimisant les risques, il convient d’avoir en tête quelques règles d’or.
D’abord, pour qui est-ce ? Bon nombre de situations personnelles supposent de toujours demander l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien. Nourrissons, femmes enceintes, mamans allaitant et patients polymédicamentés ne riment pas avec automédication.
Ensuite, et c’est une mauvaise habitude française, il faut non seulement conserver la notice du produit pris, mais aussi… la lire ! L’association d’une automédication à d’autres médicaments, sur ou sans prescription, peut en effet engendrer des effets secondaires d’autant plus forts.
Et si les symptômes persistent, allez tout simplement voir votre médecin.
Article mis à jour et republié