La France reste une plaque tournante du trafic d’espèces sauvages !

On le sait trop peu, mais la France se classe parmi les trois premiers pays importateurs d’espèces sauvages en Europe.

Rédigé par Paul Malo, le 6 Mar 2021, à 7 h 47 min
La France reste une plaque tournante du trafic d’espèces sauvages !
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Un nouveau rapport TRAFFIC/WWF met en lumière son sombre rôle en matière de commerce légal et illégal d’espèces sauvages menacées.

Des millions d’espèces transitant chaque année vers et depuis la France

La France est loin de jouer le beau rôle quand il s’agit de trafic d’espèces sauvages. Dans un nouveau rapport paru à l’occasion de la journée mondiale des espèces sauvages, le WWF et TRAFFIC soulignent en effet le rôle central de la France métropolitaine et d’outre-mer dans le commerce d’espèces sauvages inscrites à la CITES. En effet, la France se classe parmi les trois premiers pays importateurs d’espèces sauvages en Europe. Entre 2008 et 2017, ce sont plus de 28 millions d’espèces qui ont été importées.

trafic espèce protégée france

La tortue étoilée de Madagascar est notamment en danger – © Pierre-Yves Babelon

« Avec des millions d’espèces transitant chaque année vers et depuis la France (…) la France a ainsi une responsabilité pour empêcher la surexploitation des espèces sauvages, notamment en continuant à assurer une mise en oeuvre efficace de la CITES et en luttant contre le trafic d’espèces sauvages, » souligne le WWF. Au sein de l’Union européenne, le rôle de la France est même double, à la fois comme marché final et comme zone de transit.  En tant que premier (ré)exportateur d’espèces CITES de l’Union européenne, la France est donc un véritable hub du commerce d’espèces sauvages, jouant un rôle commercial clé.

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45 millions de spécimens directement exportés depuis la France

Pour Stéphane Ringuet, responsable du programme Commerce des espèces sauvages au WWF France, « alors que 2021 s’annonce comme une année cruciale pour la biodiversité, le commerce illégal continue de menacer les espèces sauvages. Ce nouveau rapport réalisé par TRAFFIC et le WWF montre qu’en dépit des efforts déjà mis en place, la France joue encore un rôle central dans ce trafic. » Pourquoi un tel statut de plaque tournante ? D’abord du fait du poids de l’industrie de la mode et du luxe en France, « de l’importance de certaines grandes industries utilisant des espèces sauvages sur son territoire ».
À cela s’ajoute le fait que la France compte pas moins de  12 territoires d’outre-mer dispersés à travers le monde. Conséquence : une diversité biologique, une richesse spécifique et un endémisme quasi unique. Cela explique en partie le fait qu’entre 2008 et 2017, 45 millions de spécimens ont été directement exportés depuis la France ou avaient la France pour pays d’origine.

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Les végétaux sont aussi concernés comme ces perce-neige de Voronov (Galanthus woronowii) – © S.O.E

Sa position géographique centrale joue également, avec à deux pas de Paris l’un des plus grands aéroports d’Europe, Paris-Charles De Gaulle. « Le trafic reposant en partie sur le transport aérien, un quart des saisies réalisées en France métropolitaine ont eu lieu dans les aéroports, notamment à Paris-Charles de Gaulle, » souligne le WWF. La France est par exemple utilisée comme intermédiaire entre l’Afrique et l’Asie dans le commerce illégal d’ivoire : 3847 kg d’ivoire brut ont été saisis en France entre 2009 et 2017. Le constat dressé par le nouveau rapport TRAFFIC/WWF rappelle donc la responsabilité de la France en matière de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages. « Elle doit être moteur pour obtenir un renouvellement des engagements des Etats membres de l’Union Européenne à coopérer et à rehausser leurs ambitions sur ce sujet ».

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Le trafic d’ivoire d’éléphant reste préoccupant – © Svetlana Foote

Deux millions de spécimens saisis

Mais à grand pouvoir, grandes responsabilités, dit-on. Il appartient donc aussi à la France de jouer un rôle central dans le combat contre le commerce illégal. WWF met donc également au crédit de l’Hexagone le fait d’avoir effectué près de 4000 saisies entre 2008 et 2017. Durant cette période, ce sont en tout plus de 2 millions de spécimens qui ont été saisis, entre mammifères (vivants et leur corps, parties ou produits), oiseaux (vivants ainsi que leur corps, parties ou produits), et reptiles vivants. Près de 5000 reptiles et plus de 1000 oiseaux ont été retrouvés vivants.

« Le commerce illégal et non durable de plantes et d’animaux sauvages contribue à la perte de biodiversité, rappelle Katalin Kecse-Nagy, directrice du Programme Europe à TRAFFIC. La France doit faire des efforts supplémentaires pour mettre fin à ce commerce à travers ses frontières. Elle peut notamment renforcer la coordination entre les autorités compétentes et l’application des lois sur son territoire. »

Illustration bannière : La France est concernée par le trafic d’espèces sauvages – © Peter Fodor
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