Un constat alarmant sur la pollution de l’air
Rendu public en juillet 2015, les sénateurs évaluaient à 101,3 milliards d’euros le coût annuel de la pollution de l’air(3). Ce genre d’évaluation n’a jamais été établie jusqu’à présent. Cette commission d’enquête mise en place mi-mars par le Sénat intègre non seulement les dommages sanitaires de la pollution, mais aussi ses conséquences sur les bâtiments, les écosystèmes et l’agriculture.
Egalement, il semblerait que l’un des principaux polluants atmosphériques soient les particules fines avec l’ozone et les oxydes d’azote. Ces particules fines sont responsables d’environ 42.000 morts prématurées en France chaque année et le coût des décès imputables à la pollution de l’air s’élèverait à 48 milliards d’euros, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)(2).
Selon ce rapport, si l’air est moins pollué, la pollution a changé de nature. Elle serait moins localisée au niveau des sites industriels mais serait plus diffuse via les transports, le chauffage, l’agriculture et l’air intérieur. Pour la commission, la pollution atmosphérique n’est pas qu’une aberration sanitaire, c’est une aberration économique !
Plus de 650.000 journées d’arrêt de travail
Si on additionne tous les effets cumulés de la pollution : hospitalisations, crises d’asthme, consultations chez le médecin, allergies, bronchites chroniques, etc. Le résultat atteint les 3 milliards d’euros, avec une évaluation de 650.000 le nombre annuel de journées d’arrêt de travail lié à la mauvaise qualité de l’air, ainsi qu’aux polluants intérieurs.
La pollution de l’air ne touche néanmoins pas que la santé, elle a aussi un impact négatif sur le rendement agricole, la biodiversité, la qualité des sols et la patrimoine bâti. On constate que, dans les grandes villes, les bâtiments historiques ont tendance à noircir, ce qui implique des opérations de ravalement plus fréquentes. Selon les données recueillies par la commission, rien que le ravalement de la façade du Panthéon aurait coûté 900.000 euros, soit dix fois plus cher que les estimations initiales.
Des ébauches de solutions pour lutter contre la pollution
La commission d’enquête sénatoriale propose 60 recommandations, comme par exemple d’aligner le prix du gazole sur celui de l’essence d’ici cinq ans et d’investir dans la création d’une filière française de bus électriques. Les sénateurs demandent une réglementation claire en matière de lutte contre la pollution.
Dans le secteur agricole, la commission propose d’étudier les causes de surmortalité des agriculteurs du fait de certains types de cancers et de mieux contrôler les dispersions de polluants en instaurant progressivement sur trois ans l’étiquetage des produits d’entretien en fonction de leurs émissions de polluants volatils.