Friches industrielles, terrains vagues, chantiers en attente, habitats collectifs abandonnés, etc. les friches urbaines sont multiples mais elles ont toutes un point commun : elles voient une biodiversité étonnante y poser ses valises… Pour un temps !
Les friches de véritables royaumes de biodiversité
Comme bien souvent, les chiffres parlent d’eux-mêmes. À l’échelle d’un département, il faut considérer que 60 % de la flore totale se trouve abritée dans des friches urbaines. Ce pourcentage impressionnant est tout simplement représentatif de la biodiversité de ces lieux désertés par les humains.
Autant de variétés de plantes, dont beaucoup sont à la base considérée comme des adventices ou « mauvaises herbes », s’accompagnent inévitablement de tous les insectes qui s’en nourrissent ou se reproduisent dessus. Ces insectes sont eux-mêmes les proies des oiseaux qui, pour certains, vont également manger les graines de ces plantes selon les différentes périodes de l’année.
Les premiers travaux sur le sujet ont non seulement démontré que la biodiversité des friches urbaines est considérablement plus grande que dans le reste de la ville, mais qu’en plus ces friches abritent un grand nombre d’espèces (faune et flore) qui normalement ne se trouvent pas en milieu urbain.
Les « herbes folles », celles que l’on appelle encore à tort les « mauvaises herbes », ont désormais leur MOOC (pour Massive Open Online Course ou « cours en ligne ouvert à tous ») grâce à l’université Paris Sud et à TelaBotanica !
Des friches oui, mais pas n’importe lesquelles
Pour qu’un écosystème fonctionne, il y a toujours certaines règles de base qui doivent être respectées. Les friches en tous genres ayant un caractère temporaire, leur nombre et leur répartition dans le tissu urbain est essentiel à la pérennité de la biodiversité qui s’y épanouit.
Mais ce n’est pas tout, en toute logique il y a une taille minimale à ces friches pour qu’elles puissent héberger une biodiversité urbaine. En l’occurrence il s’agit, d’après le Muséum National d’Histoire Naturelle, d’une surface de 2.500 m3 !
Une fois ces conditions réunies, la biodiversité pourra se maintenir en voyageant d’une friche à l’autre, trouvant refuge dans les lieux délaissés par l’activité humaine.
Audrey Muratet, qui détient l’expertise première sur le sujet des friches et de la biodiversité au sein de l’Institut d’Aménagement et de l’Urbanisme d’Île de France, saura répondre à toutes vos questions sur le sujet comme elle a su développer le présent propos dans un ouvrage qui lui est dédié.
Les friches et leur biodiversité menacées
C’est assez improbable, mais particulièrement vrai : les friches urbaines se raréfient pour la première fois. On estime que, sur les 10 dernières années, leur nombre a diminué de 20 % et que sur les 30 dernières années, leurs surfaces ont quant à elles, diminué de près de 50 %.
Pourtant on commence tout juste à comprendre l’importance de ces réservoirs de biodiversité dans le paysage urbain. Les friches urbaines sont de plus en plus intégrées aux politiques publiques d’aménagement du territoire telles que la Trame Verte et Bleue(1), mais leur caractère éphémère complique grandement les prises de décisions.
Au-delà de cela, trop peu de citadins sont sensibilisés à la biodiversité ordinaire ou ne se doutent que la nature est juste sous leur fenêtre. Cette flore spontanée qui prend racine au milieu d’un parking abandonné, qui fait sa place dans chaque interstice d’un trottoir ou qui s’épanouit sur un mur lézardé d’usine désaffectée est le signe avant-coureur d’une biodiversité qu’il faut désormais reconnaître, défendre et respecter.