Les écologues et les chercheurs qui ont besoin d’en savoir toujours plus sur les espèces à protéger – ou non – ne manquent pas d’imagination… Et c’est là une excellente chose. Désormais certains d’entre eux utilisent un FrogPhone pour téléphoner aux grenouilles afin de mieux les étudier.
Le « FrogPhone », une idée aussi simple que géniale
Le suivi d’une espèce sur le terrain n’est vraiment pas chose aisée, et ce pour de multiples raisons.
La première est que pour en savoir plus sur une espèce comme les grenouilles par exemple, il faut observer ces animaux. Or pas évident de les approcher sans les déranger. Il faut bien dire que nous ne sommes pas tout à fait dans notre élément, en milieu humide où évoluent ces batraciens… Difficile pour un humain de ne pas y ressembler à un camion poids-lourd traversant une zone protégée !
Par rapport à tout ce qui vit dans ces zones, une personne venant faire des observations et des suivis fait énormément de bruit, déplace beaucoup d’eau, sent très fort, etc.
Le mieux pour ne pas modifier le comportement des animaux observés et ne pas déranger tout ce beau monde est encore de ne pas être là… D’où l’idée de prendre des nouvelles par téléphone !
L’observation des grenouilles, c’est simple comme un coup de fil
D’autant plus que le problème n’est pas seulement technique comme nous venons de le voir, il est aussi financier. Accéder à certains sites peut être très compliqué et donc particulièrement onéreux, surtout si les relevés doivent être effectués régulièrement.
L’idée de chercheurs de l’University of New South Wales, en Australie, d’installer un téléphone sur place permet ainsi de palier aux problèmes inhérents à la récolte de données dans ce genre de cas(1).
Fonctionnant à l’énergie solaire et utilisant les réseaux 3G et 4G, le « FrogPhone » sert à passer automatiquement (ou pas) des coups de fil, avec fonction enregistrement vocal pour écoute ultérieure, afin d’effectuer des relevés acoustiques à distance. Les écoutes permettent de déterminer la densité des différentes espèces en un lieu donné et leur niveau de conservation alors que l’appareil collecte dans le même temps des données environnementales (température de l’eau et de l’air, etc.) qu’il transmet par SMS.
Le Languedoc-Rousillon a son programme participatif « Allo’grenouilles » qui mobilise la société civile dans son ensemble pour le suivi de ces animaux si menacés.
Un beau titre de programme pour comprendre que, pour certaines espèces comme les grenouilles, le suivi et l’observation se font surtout à travers l’écoute et non la seule visualisation des animaux.
Des grenouilles à d’autres espèces ?
Les grenouilles sont souvent dans des lieux difficiles d’accès, réparties sur plusieurs sites et très sensibles au passage de l’être humain. Ceci combiné au déclin des insectes qui leur servent de repas et à la réduction de leur habitat, ces animaux méritent amplement que l’on s’y penche avec tous les moyens possibles et toute l’imagination dont l’humain sait faire preuve.
Mais on peut tout à fait imaginer, et les auteurs de l’étude publiée sur le sujet le confirment, que ce système soit amélioré et adapté à d’autres espèces, sur d’autres sites sensibles et dans d’autres conditions… Au final il ne suffit que d’avoir des animaux (insectes, mammifères, oiseaux, etc.) qui savent donner de la voix au téléphone !
Illustration bannière : Les grenouilles seront-elles sauvées par le téléphone ? © Tanja_G