Au marché de Rotterdam, les marchands jettent chaque jour une moyenne de 3.500 kilos de fruits abîmés ou présentant des défauts. Or, envoyer ces restes au compostage coûte 0,12 euro par kilo aux commerçants, qui le plus souvent finissent par en disposer illégalement… Frappé par ce constat, un collectif d’étudiants a eu l’idée de concevoir un textile végétal à base de fruits : le Fruitleather, ou littéralement « cuir de fruit ».
Des sacs qui portent leurs fruits
Pendant plusieurs mois, des étudiants en design de l’Académie Willem de Kooning, ont recueilli les restes de fruits, considérés jusqu’alors comme des déchets. Dans le but d’éveiller les consciences face au gaspillage alimentaire, en trouvant des solutions pour donner une nouvelle vie aux milliers de kilos de fruits jetés, ils ont écrasé, cuit et déshydraté les fruits jusqu’à obtenir une matière très proche du cuir : le Fruitleather.
Doté d’une grande résistance, ce faux cuir vegan ne se périme pas, il est inodore et n’attire pas les insectes. Il pourrait donc s’avérer un bon moyen de réduire l’impact environnemental de l’accumulation de déchets et la production du cuir.
Étant données la quantité de déchets de fruits invendus sur les marchés et la nécessité pour les commerçants de s’en débarrasser sans coût, la production à grande échelle de ce matériel est tout à fait envisageable. Plusieurs prototypes ont déjà été élaborés, comme un sac à courses en peau de nectarines ou un sac à main fait de mangue.
Au cours de leurs essais, les jeunes créateurs ont remarqué que la combinaison de différents fruits résulte en différentes textures, couleurs et propriétés et que le Fruitleather pourrait avoir des utilisations diverses : maroquinerie, ameublement, décoration. Ils cherchent à présent à collaborer avec différentes compagnies et organisations, notamment pour les sacs, les chaussures et les revêtements intérieurs automobiles, afin d’améliorer la qualité du Fruitleather et de tirer partie au maximum de cette découverte.
Ainsi, le projet Fruitleather montre qu’il suffit d’un peu d’initiative et d’imagination pour donner une nouvelle vie à tout ce que l’on jette, et fait prendre conscience de l’étendue du gaspillage alimentaire et de la prolifération des déchets.