Fruits, légumes… 1 produit sur 3 fraude sur son origine France
Les produits « Origine France » sont toujours autant la cible de fraudes de la part des commerçants et revendeurs.

Derrière les étiquettes tricolores et les slogans tapageurs, la promesse du « produit français » semble parfois tenir davantage du marketing que de la réalité. Le consommateur y croit, les fraudeurs s’en amusent. Et les agents de l’État s’activent. Derrière l’affichage rassurant d’un hexagone bleu-blanc-rouge, que reste-t-il vraiment de l’authenticité des produits vendus sous pavillon national ? À l’heure où la mention « origine France » devient un argument commercial incontournable, l’enquête révèle une réalité bien moins reluisante.
Origine France : un label sous haute surveillance de la DGCCRF
En 2024, la DGCCRF a renforcé ses inspections sur les produits alimentaires présentés comme d’origine française. Résultat : 10 000 contrôles ont été effectués dans les rayons, les entrepôts, les circuits de transformation et les plateformes logistiques. Le constat est alarmant : 34 % des produits contrôlés présentaient des anomalies.
Parmi les actions menées : 1 802 avertissements, 588 injonctions pour cessation de pratiques illicites et 562 procès-verbaux pour les cas les plus graves. Autant dire que le mythe du terroir made in France en prend un sérieux coup. Selon Le Figaro, cette intensification des contrôles répondait à la grogne du monde agricole, qui dénonce depuis des années la concurrence déloyale de produits importés frauduleusement estampillés français.
Produits alimentaires et fraude : quand le faux goût du terroir rapporte gros
Derrière les chiffres, les cas concrets donnent le ton. Un grossiste de Vernou-en-Sologne, dans le Loir-et-Cher, a écopé d’une amende de 100 000 euros, tandis que son président a été personnellement condamné à verser 20 000 euros. La raison ? La francisation massive de 4 547 tonnes de fraises, 278 tonnes de framboises et 194 tonnes de myrtilles, vendues comme françaises alors qu’elles ne l’étaient pas. « Cet opérateur s’est livré entre 2019 et 2021 à la francisation de plusieurs milliers de tonnes de fruits rouges », précisait la DGCCRF dans son communiqué.
Mais le cas ne fait pas figure d’exception. En 2020 déjà, la DGCCRF avait mis au jour un vaste trafic de miel venu de Bulgarie, commercialisé comme produit local en France. Les agents ont dû recourir à des analyses polliniques en laboratoire pour détecter l’origine réelle. Résultat : pollen d’Europe de l’Est, incohérences comptables et absence de traçabilité. La supercherie était flagrante.
Même scénario pour un jus de pomme soi-disant français, qui s’est révélé être un nectar allemand ou italien, importé en citerne avant d’être reconditionné dans des bouteilles affichant un verger hexagonal en pleine gloire. Ou encore pour des céleris-raves belges, des poires néerlandaises et des nectarines espagnoles vendues sur les marchés locaux sous l’étiquette d’Occitanie.
Origine France : si c’est pas cher c’est qu’il y a un loup
Le ton n’est pas plus indulgent du côté de la revue 60 Millions de consommateurs, qui s’alarme de l’ampleur des abus. Selon l’enquête publiée le 11 avril 2025, les mentions d’origine sont devenues un outil marketing à double tranchant, dont se saisissent les acteurs peu scrupuleux de la chaîne agroalimentaire. L’article documente, exemples à l’appui, la multiplication des pratiques douteuses : fraises d’Espagne vendues comme françaises, oignons espagnols devenus occitans, emballages tricolores sans fondement légal.
La revue résume : « Une trop bonne affaire peut être suspecte ». Une manière polie de dire que si le prix est trop bas pour être vrai, c’est probablement parce qu’il l’est. Le magazine dénonce également le manque de lisibilité des emballages, la complexité des filières et l’opacité des pratiques commerciales.
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En 2025, la guerre de l’étiquette continue
Face à ces constats, le gouvernement a durci le ton. Depuis mars 2024, l’obligation d’indiquer l’origine des viandes porcines, ovines et de volaille s’applique désormais aussi aux établissements proposant des repas à emporter ou à livrer, mesure pérennisée dans un décret passé quasi inaperçu. Une avancée modeste, mais symbolique, dans un contexte où la pression des lobbies agroalimentaires freine toute transparence.
La DGCCRF, de son côté, promet de maintenir la pression. « Le maintien de la pression de contrôle est la clé d’une dissuasion efficace », rappelle son dernier rapport, qui insiste sur la coopération renforcée avec les Douanes, les autorités fiscales et même les laboratoires d’analyses spécialisés. Car lutter contre la fraude, c’est aujourd’hui une affaire de sciences, de stratégie et de résilience réglementaire.
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Le problème n’est pas nouveau, hélas, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg de la fraude systémique. L’hypocrisie des pouvoirs publics qui semblent s’en préoccuper est honteuse, alors que les organismes de contrôle – dans tous les domaines – se voient de plus en plus privés de moyens humains et financiers pour pouvoir exercer leurs investigations, sous prétexte « d’économies » indispensables. En définitive, ce sont toujours les citoyens qui en font les frais et au premier chef, les plus modestes, qui n’ont d’autres choix que de se fournir dans les grandes surfaces. Mais priorité au profit !