Théoriquement réalisable, la fusion nucléaire est un Graal en termes de recherche scientifique. La raison ? Elle devrait permettre, si maîtrisée, de produire de l’énergie de manière quasiment illimitée… et surtout propre. De quoi éliminer, à l’avenir, le risque de coupures d’électricité. Mais on en est loin : plusieurs décennies de recherches sont encore nécessaires avant de pouvoir créer un soleil artificiel.
Plus d’énergie produite… que d’énergie consommée
Pour celles et ceux qui se souviennent de leurs cours de sciences de collège et lycée, la règle était la suivante : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Une citation apocryphe de Laurent de Lavoisier. Sauf que ce n’est pas exactement ce qu’il a dit… et qu’elle n’est pas totalement vraie. On sait que dans certains domaines cette règle n’est pas valable… et justement des chercheurs américains l’ont prouvé.
Dans le Laboratoire national Lawrence Livermore (LLNL), les physiciens ont annoncé le 13 décembre 2022 avoir atteint, pour la première fois de l’histoire, le « seuil d’ignition ». Ce terme signifie que leur expérience « a produit davantage d’énergie à partir de la fusion que l’énergie des lasers utilisée ». De l’énergie créée ex-nihilo, ou presque… et une étape importante dans la recherche visant à maîtriser la fusion nucléaire.
Fusion nucléaire : « une percée scientifique majeure » aux États-Unis
« C’est fondamental, c’est extrêmement excitant parce que c’est une première mondiale ».
🎙️ @GalichetE, Enseignante-chercheure en physique nucléaire au Cnam pic.twitter.com/rXkGAs6vYe
— BFM Business (@bfmbusiness) December 14, 2022
Des décennies de recherche encore nécessaires avant la fusion nucléaire
Dans le détail, les chercheurs annoncent avoir produit 3,15 mégajoules d’énergie grâce à 192 lasers ayant consommé 2,05 mégajoules. La différence n’est pas gigantesque, mais elle est historique. Au point que la ministre américaine de l’Énergie, Jennifer Granholm, a jugé que cette expérience fera date et sera dans le futur dans les livres d’Histoire. Pour autant, l’Homme est loin de voir apparaître autour de ses villes des centrales à fusion nucléaire.
Surtout que selon les chercheurs du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) basés à Bordeaux, l’annonce cache la réalité. Interrogés par Libération, ils assurent : « pour que le laser concentre deux mégajoules, il faut lui apporter environ 300 mégajoules d’énergie électrique ». Et ces derniers d’ajouter : « la chaîne complète reste à moins de 1 % de rendement. On est donc très, très, très loin de pouvoir envisager une application industrielle ».
Le seuil d’ignition est donc franchi, et c’est une prouesse. Mais de là à ce que le monde tourne avec de l’énergie issue de la fusion nucléaire, il y a encore de la marge. Et rien ne garantit que l’Homme sera en mesure d’y parvenir…
A lire absolument
Citer Antoine Lavoisier alors qu’on parle de création d’énergie et non de matère…