Peu recherché par les pêcheurs et peu apprécié des cuisiniers de tous bords, le gardon est une espèce commune de nos rivières qui ne suscite pas l’intérêt des foules… Pourtant,ce petit poisson fait face à de nombreux défis pour survivre. De plain-pied dans la biodiversité ordinaire, le gardon mérite un petit coup de projecteur.
Le gardon, un poisson de nos étangs et rivières
Présent dans toute l’Europe, le gardon (Rutilus rutilus) est très communément présent dans tous les cours d’eau qui n’ont pas un débit trop fort, ainsi que dans les lacs et des étangs suffisamment grands.
Mesurant en moyenne 12 à 20 cm il peut tout de même atteindre les 45 cm, ce qui n’est pas une paille ! D’un poids moyen de 100 à 200 g, un spécimen de 2,4 kg a tout de même déjà été pêché.
Le gardon se nourrit principalement de petits invertébrés comme des mollusques, des larves en tous genres et des petits crustacés mais peut (très) occasionnellement s’attaquer à des mousses et des algues. Cette alimentation le rend essentiel aux écosystèmes : en effet, il transforme ces ressources en les intégrant dans la chaîne alimentaire puisqu’il se fait à son tour manger par des brochets, des anguilles, des sandres, etc.
Comment distinguer un gardon d’un rotengle ?
Le gardon et le rotengle (Scardinius erythrophthalmus) sont souvent confondus car ils sont morphologiquement très proches.
Le rotengle a cependant des yeux or avec des tâches rouges alors que le gardon a des yeux globalement rouges. Le rotengle possède également une nageoire dorsale plus en retrait que la nageoire ventrale et a une mâchoire inférieure plus proéminente.
Particularités du gardon
Le gardon se déplace en meute ! En effet le gardon est très grégaire et se déplace très fréquemment en bancs parfois très importants. Ils évoluent ainsi dans la végétation aquatique en restant toujours près du fond là où ils peuvent trouver leur nourriture.
Gardon reproduction : la fraye
D’avril à juin, durant la période de reproduction, les femelles d’un même banc vont pondre toutes ensemble dans des lieux à végétation bien dense. Cette reproduction collective peut donner lieu à un spectacle assez étonnant dans la mesure où chaque femelle peut aisément pondre jusqu’à 100.000 oeufs !
Statut de protection de l’espèce
Au regard de la loi et de la législation, le gardon n’est pas menacé et ne bénéficie d’aucun statut de protection. L’espèce peut être pêché durant les périodes habituelles d’ouverture de la pêche.
Les menaces qui planent sur le gardon
La pollution chimique
Le gardon est une espèce particulièrement résistante aux polluants même si des eaux polluées l’empêchent d’arriver à sa taille adulte. C’est habituellement la dernière espèce à disparaître quand un milieu est trop pollué.
Il possède donc des protéines particulières pour détoxifier son corps mais il reste sensible aux PCB et aux dioxines ainsi qu’à certains pesticides organochlorés.
Sa résistance induit qu’il peut accumuler ces produits plus longtemps et plus massivement dans son corps et donc les faire entrer plus violemment dans la chaîne trophique en se faisant manger par ses prédateurs.
Le réchauffement climatique
Il semblerait que la date de ponte des femelles n’évolue pas particulièrement mais ce n’est pas le cas des espèces qui partagent le même milieu comme par exemple les brèmes. Les dates de ponte se rapprochant les unes des autres avec le réchauffement des eaux, c’est la disponibilité en nourriture qui pose alors problème et met en péril la survie des juvéniles.
Comment aider le gardon ?
Le gardon évolue dans tellement de rivières, de lacs et d’étangs sur notre territoire que tout un chacun ne doit pas être très loin d’un banc. Cela revient à dire que, pour aider le gardon, il suffit de garder un oeil ouvert sur la pollution des eaux environnantes.
Enfin, et la chose a toute son importance, il faut rester vigilant sur le niveau des eaux. D’agriculteurs trop zélés à pomper de l’eau en gestionnaires en passant par la sécheresse, il peut s’avérer que certaines pratiques soient fatales au gardon… et à bien d’autres espèces !