Gaspillage alimentaire : pourquoi manger des légumes inesthétiques

Rédigé par Alan Van Brackel, le 10 Jan 2013, à 17 h 38 min
Gaspillage alimentaire : pourquoi manger des légumes inesthétiques
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Chaque année, des tonnes de légumes sont jetés alors qu’ils sont parfaitement comestibles. La raison ? Ils sont moches : bossés, troués, difformes, coupés. Au concours de mannequinat organisé par la grande distribution, ils ne correspondent par aux canons de beauté et sont donc le plus souvent jetés.

> Partie 1  : Gaspillage alimentaire : pourquoi manger des légumes inesthétiques
> Partie 2 : Des activistes en faveur des légumes imparfaits
> Partie 3 : Que représente le gaspillage alimentaire dans le monde ?

Gaspillage alimentaire : des légumes jugés inesthétiques

banane calibréeLe gaspillage alimentaire existe sous de nombreuses formes. L’une des plus absurdes et pourtant des plus persistantes est celle qui régit la forme des légumes. Si vous fréquentez les rayons des supermarchés, vous aurez probablement remarqué une constante : les légumes sont calibrés.

D’une forme régulière, les légumes se ressemblent tous. Vous ne trouverez ni banane de plus de 46 mm, ni concombre piqué par un insecte. Les fruits et légumes ont la peau lisse, la même couleur, et une silhouette irréprochable. Et pourtant, dans la nature, on trouve des légumes aux formes variées, sans que ça ne change leur goût. La raison ? Les fruits et légumes sont triés à la source.

Un pré-tri dans les exploitations agricoles

poivron de forme peu communeLes agriculteurs sont en effet souvent bien obligés de se plier aux exigences de la distribution, spécifiquement celles particulièrement contraignantes des grandes surfaces. Exit les législations nationales et européennes, la distribution impose ses propres règles, beaucoup plus strictes. Des fruits et légumes trop petits et/ou aux formes imparfaites seront ainsi rejetés.

Ainsi, dans bon nombre d’exploitations, on ne prend pas la peine de ramasser ces fruits et légumes : ils pourrissent sur place ! Pire encore, la distribution va même parfois jusqu’à s’assurer que personne ne touche à ses poubelles. Ainsi, pour que la nourriture n’y soit pas récupérée, certaines grandes surfaces aspergent les bennes d’ammoniaque.

Peu de nourriture récupérée

Trop rares sont les aliments rejetés dans ce cadre finalement mangés ou employés. Voici ce qu’on peut lire dans le Manuel pour la préparation et la vente des fruits et des légumes (1) : « Les produits rejetés pour des raisons principalement esthétiques deviennent des éléments de deuxième, voire de troisième choix (qualité) ; ils pourront être commercialisés chez des distributeurs moins exigeants ou utilisés comme matériau brut pour la transformation et, dans ce cas, on réduit les risques de les voir périr tout en leur ajoutant de la valeur ».

> Suite : Fruits et légumes : « Des variétés et des procédés spécifiques« 

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Chercheur dans l'âme, partagé entre l'Europe et les Etats-Unis. Parmi ses passions la musique, la photographie, et les différentes cultures du monde, Alan...

22 commentaires Donnez votre avis
  1. Le fameux calibrage aurait été imposé « à la demande des consommateurs », mon oeil !
    Certains distributeurs (Leclerc, Lidl, les autres, je ne sais pas) vendent les petites tomates qui ne plairaient pas à ce qu’on nous annone, mais qui ont exactement le même goût, quoique je préfère le goût des tomates de mon jardin, démarrées en graines et qui restent malingres car je déteste leur donner de l’EPO 😉
    Dans les Leclerc, les sacs de 1 kg sont parfois bien cachés, difficiles d’accès, planqués derrière un pilier.
    Par contre, les autres grosses saletés énormes sont en première ligne, cherchez l’erreur ?
    Et puis il y a de bonnes surprises, comme les pommes d’un copain qui ont une très vilaine peau, mais qui ont un goût incomparable !!
    Dommage, il ne commait pas le nom de l’espèce, mais avec des pépins, on peut faire un gros pommier.

  2. j aimerai savoir si on peut récupéré des légumes nous sommes un groupe de convivialité du secours catholique et parfois cela pourrait servir a des personnes en difficulté plutot que de gaspiller

  3. En quoi le gaspillage alimentaire, celui des fruits et des légumes (dont intermarché en fait la publicité en ce moment) est il un problème ?
    Quel éthique se cache derrière cette nouvelle lubie ?
    La réponse au gaspillage ne viendra jamais nourrir les populations affamées, les gens dans le besoin.
    Qu’est ce que le consommateur a à y gagner ?
    Le prix de gros de ces Fruits et légumes est moins cher, celà n’empechera pas les distributeurs de s’en faire une marge quand même.
    Nous allons trouver des produits manufacturés, des soupes, des jus, des produits issus de légumes moches, des plats préparés vendus à prix égal d’une marque moyenne.
    Est-ce faire un geste pour la planète? respecter la « vie » d’un légume ?
    Où est-ce encore un moyen pour les industriels de se faire encore plus de marge?
    Pourquoi ne pas distribuer ces non calibrés à des associations qui cuisinent pour les sans abris ?

  4. justement j’ai vu qu’Inter se penche sur le sujet… c’est pas le top, mais il y a au moins le mérite de faire un geste !

    informaction.info/15052014-1114-chez-intermarche-les-fruits-et-legumes-moches-prennent-leur-revanche

  5. é

  6. « Des tonnes de fruits et légumes jetés par an »

    Ils sont cons, mais cons comme c’est pas possible d’imaginer pour se comporter comme çà …

  7. Bravo à tous ceux qui font des lois pour empêcher le gaspillage alimentaire. Ici, au Canada, avec l’UPA et tous les cotas obligatoires du lait et bien d’autres produits, il y a un gaspillage considérable qui devrait être interdit (ex.: avec le lait qui est jeté puisque les fermiers sont pénalisés s’ils produisent trop). C’est honteux!

  8. Que voulez-vous, nous sommes dans une société de paraître. Tout doit être lisse, uniforme et sans goût.
    Personnellement je préfère un légume biscornu mais frais à un légume soit-disant parfait mais complètement ridé ( où est la fraîcheur?)à peine sorti du frigo de la grande surface comme j’en vois si souvent.

  9. c’est édifiant! comment peut-on récupérer ces fruits et légumes en région parisienne?
    voilà une raison, parmi tant d’autres, de nous faire payer un peu plus cher. Mais c’est typiquement français.Je fais souvent les courses en Allemagne (Plus, Aldi) ou en Suisse (Coop, Migros) et j’achète ces fruits/légumes biscornus/rigolos qui sont aussi délicieux que les autres.
    En France nous devons tout revoir de A à Z notre circuit de distribution alimentaire (du producteur au consommateur)et c’est urgent. Après cette opération nous pourrons parler de récupérer du pouvoir d’achat.

  10. Je me souviens qu’en 1970 on nous enseignait en fac que certain pays européen ne voulait que des pommes calibrées, et donc qu’il était temps pour les producteurs de France de s’y mettre,s’ils voulaient obtenir ces marchés!C’était déjà une incitation à l’uniformisation…Alors que les fruits et légumes « non conformes » ont un charme, une personnalité indéniables pour qui sait les observer…Et qu’ils ont, de toute manière, de bonnes qualités gustatives!Et c’est ça, l’important!

  11. Tout ça n’est qu’une question de prise de conscience !
    Nous consommons pratiquement uniquement bio depuis plusieurs années et tout est une question d’organisation et de temps pour trouver des magasins et des filières hors grande distrib. qui distribue du bio venu d’on ne sait où, et les chaines de magasins bio, style Satoriz, qui pratiquent des prix prohibitifs.
    Quand on fait cette démarche et qu’on consomme les produits de saison, cultivés le + possible localement, on arrive à avoir des prix souvent inférieurs au non bio de supermarché, avec des produits qui ont du goût ! !
    Une question: les imbéciles (je reste poli) qui imposent ces règles, est-ce qu’ils sont beaux, eux ????

  12. MES LEGUMES DE MON JARDIN NE SONS PAS TOUJOURS TRES BEAUX MES IL ON UN SACRE GOUT.

  13. ce sont les grandes surfaces qui imposent leurs règles, ces aliments pourraient être recyclés dans la mise en conserve.
    Tout est fait pour que les prix soient le plus fort possible.
    les grandes surfaces devraient payer des amandes pour toute la nourriture qui est jeté ainsi ce serait plus avantageux pour eux de les donner à des association.
    il ne faut pas oublier que le consommateur ne peux ^pas inventer la marchandise c’est une victime dans cette affaire.

  14. Ce système fonctionne parceque nous con-sommateurs sommes suffisament c… comme dit juste avant, pour nous laisser séduire par l’aspect, exemple il y a peu de temps en pleine saison du raisin, dans un super marché, un énorme tas de raisin géant italien au bon goût d’eau sucrée s’arrachait litéralement alors que juste à coté une petite caisse de muscat du ventoux (certes plus cher) mais au goût merveilleux ne trouvait pas preneur.
    Donc les cons c’est bien nous qui cautionnons ces technique agricoles et commerciales par nos choix.

    • Vous avez entièrement raison, nous avons fait notre propre tort, avec les normes, on a l’impression que les fruits ont été « usinés ». Par contre, je fait partie de eux qui achètent le raisin italien plutôt que le « petit » raisin parce que je peux l’éplucher, vus tous les produits qu’il a reçu s’il n’est pas bio. et le raisin bio est inabordable.

  15. Codex Alimentarius

  16. Depuis 2008, l’A.N.D.E.S. récupère des tonnes de fruits et légumes invendus sur les marchés de gros: sur des chantiers d’insertion, nous trions, reconditionnons des produits qui n’ont pas trouvé d’acheteur et nous les livrons aux épiceries solidaires. Nous ne gardons que les produits de qualité. Ceux qui sont un peu abîmés, nous les transformons en soupes et en jus de fruits.
    Plus d’infos sur http://www.epiceries-solidaires.org
    https://www.facebook.com/epiceries.solidaires

  17. il faut savoir que jusqu’à une date récente, le calibre, la couleur, la forme des fruits et légumes étaient définis par le règlement européen n° 1677/88 ; ainsi, la courbure des bananes ou des concombres ne devait pas excéder 10 mm pour 10 cm de longueur ! Nos députés européens n’avaient sans doute rien de plus important à faire ! tout ce qui ne correspondait pas aux normes devait être impérativement détruit ; cette destruction avait lieu sous le contrôle d’un service des Douanes, envoyé chez les cultivateurs ; il était interdit de faire don de ces marchandises à des associations caritatives ; elles étaient détruites par épandage de pétrole (!) ou autre saloperie chimique (merci pour les nappes phréatiques) ; ce règlement n’a plus cours depuis le 1/7/ 2009 ;

    • j’ai un voisin producteur de pommes Bio qui fait de la compote avec les mal-calibrées,et ça se vend bien.

    • Les députés européens n’ont justement rien à faire là-dedans, attention à ce discours : la plus grande partie des réglementations européennes relèvent des services de la Commission, qui n’est à peu près contrôlée par personne. Et le mécanisme est particulièrement pervers : plus les gens tapent à côté en incriminant les parlementaires, plus se développe la bureaucratie libérale (si si ça existe : plus ils disent « moins d’état » plus ils décident hors de tout contrôle politique, mais en lien direct avec « les marchés », c’est-à-dire les lobbies).
      A part ça ces crétins payés ne font jamais le marché avec leurs enfants : moi avec mes petits je m’amuse bien avec eux à trouver des carottes en forme de bonhomme avec un gros zizi, des patates-coeur, des aubergines à gros nez, il y a des tableaux d’Arcimboldo plein les cageots de mon maraîcher qui vend en direct des trucs goûteux !

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