Dans le Sud de la France, une publicité vue récemment assurait que, pour lutter contre la sécheresse, il valait mieux installer du gazon synthétique dans son jardin. S’agit-il d’une bonne solution ? Pour arroser moins, peut-être, en ce qui concerne l’environnement en général, c’est moins sûr. On arbitre ce match pour vous.
Pelouse artificielle vs. pelouse naturelle : le match
Utilisée au départ pour les terrains de sport, la pelouse artificielle a tendance à gagner les jardins des particuliers. Elle est composée majoritairement de caoutchouc, pour la partie intérieure, et de polyéthylène, matériau issu du pétrole, pour la partie externe.
Le gazon synthétique comporte-t-il des avantages ?
Le gazon synthétique peut comporter des avantages : il ne nécessite pas d’entretien, contrairement à son homologue naturel. Il n’est pas nécessaire de l’arroser, ce qui peut l’avantager, en effet, en ces temps de sécheresse et de restrictions d’eau.
En outre, entretenir un gazon naturel peut également nécessiter d’utiliser des engrais chimiques : fertilisant, fongicides… Ces engrais, issus de la pétrochimie, sont néfastes pour la santé des utilisateurs, pour la biodiversité et pour les sols et les eaux. Enfin, la tonte d’un gazon naturel nécessite également du carburant pour alimenter la tondeuse à gazon… à moins que vous n’utilisiez une tondeuse mécanique ?
Pour entretenir une pelouse synthétique, il suffit de passer un coup de brosse ou de souffleur moins d’une fois par mois. Il peut être une solution pour les petites surfaces, balcons, ou les endroits où la pelouse risque d’être abîmée ou transformée en flaque de boue : abords de piscine…
En termes de consommation d’eau, le gazon synthétique possède certes un avantage. L’arrosage d’un jardin de 100 m² nécessite environ 2.000 litres d’eau par an. Si la pelouse artificielle nécessite de l’eau au cours de sa fabrication, pour son entretien, la consommation d’eau est nulle.
D’un point de vue financier, le gazon synthétique est plus cher que le gazon naturel. Comptez à l’achat environ 5 € par m² de gazon naturel contre 15 € pour des plaques de gazon synthétique. En outre, en termes de durée de vie, la pelouse artificielle dure environ 20 ans, contre environ 40 ans pour du gazon naturel.
Cycle de vie : avantage au gazon naturel
C’est en regardant la totalité du cycle de vie de chaque type de produit qu’on peut voir quel type de gazon est le plus écologique. Le gazon synthétique nécessite des ressources non renouvelables, issues du pétrole, pour être fabriqué. En fin de vie, il n’existe pas de filière de recyclage pour le valoriser : il termine sa vie en enfouissement ou en incinération, ce qui en fait un déchet particulièrement polluant.
Pour fabriquer du gazon naturel, on a besoin de ressources renouvelables uniquement (semences, terreau, eau). En fin de vie, s’il doit être changé, le gazon est facilement compostable et se transforme donc en biodéchet.
Le principal problème de la pelouse artificielle, en termes environnementaux, est son impact sur la biodiversité. Le gazon naturel est un lieu de vie et une source de nourriture pour de nombreux animaux : lombrics, taupes, oiseaux, insectes pollinisateurs… Alors que la pelouse artificielle est une immense étendue stérile. En outre, elle est souvent fabriquée à partir de pneus recyclés : s’il peut s’agir d’une bonne nouvelle pour l’environnement, il s’agit en réalité d’une matière qui véhicule des substances dangereuses, pouvant être toxiques pour la santé des humains et des animaux du jardin.
En période de canicule, la pelouse synthétique est une fausse bonne idée. elle ne nécessite pas d’arrosage certes, mais contrairement à la pelouse naturelle, elle n’absorbe pas la chaleur et peut monter très vite en température. Ce qui peut provoquer des brûlures pour les utilisateurs du jardin.
Conseils pour une pelouse écolo
Pour notre jardin donc, on laisse tomber l’option de la pelouse synthétique. On choisit de préférence une variété de gazon rustique, qui résiste à la sécheresse. On fait le choix de l’entretenir à minima : des tontes espacées, en laissant des espaces en friche. On n’arrose pas sa pelouse et on accepte qu’elle jaunisse en été (c’est normal !). Pour l’entretenir, on choisit se besoin des fertilisants naturels (utilisables en bio) et pas issus de la pétrochimie.
Certes, votre pelouse ne ressemblera pas à un green de golf, mais vous aurez l’avantage de protéger la nature et la biodiversité de votre jardin !
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