Récolter du bois dans une forêt, qu’elle soit publique ou privée, n’est pas un problème en soit. La façon dont ce bois est récolté, le moment où il est récolté et la quantité qui est prélevé sont, à contrario, de vraies questions à se poser.
L’horreur des coupes à blanc
Une coupe rase, aussi appelée coupe à blanc, consiste en la coupe de l’intégralité des arbres de toute une parcelle pour en récolter la totalité de la potentielle matière première.
Dans le cas de ces coupes à blanc, le cycle de vie de la forêt est donc stoppé net du jour au lendemain et cela concerne tout le monde : des petits mammifères ou oiseaux en passant par les insectes qu’ils soient xylophages (mangeur de bois) ou saproxylophage (mangeurs de bois mort), et tout le cortège de champignons qui jouent un rôle crucial dans les écosystèmes forestiers ou encore les plantes connexes qui ne pourront survivre avec la perte de leur écosystème.
Si l’on rajoute à cela les problèmes d’érosion – car plus rien ne retient alors plus la terre mise à nue, des dates de coupes – qui ne tiennent pas compte des cycles de vie des espèces habitant en milieu forestier et le fonctionnement fragile des sols qui est du jour au lendemain totalement bouleversé, et vous vous retrouvez avec un véritable désastre écologique.
Ne manquez pas : Le temps des forêts’ : un documentaire édifiant sur l’état de nos forêts !
Pour une gestion forestière extensive généralisée
La coupe de bois est réglementée, mais pas pour tout le monde, et on ne constate pas de réelle volonté de fond quant au respect des écosystèmes forestiers.
En effet, pour les parcelles au-delà de 25 hectares il est obligatoire de déclarer un « plan simple de gestion » soumis à validation, mais le contenu en matière de biodiversité est anecdotique voir nul. Le terme « biodiversité » de l’Arrêté du 19 juillet 2012 déterminant les éléments obligatoires du contenu du « plan simple de gestion » n’apparaît même pas.
Pourtant il s’agit du cadre le plus contraignant pour les exploitants, car les choses sont encore plus simples encore pour les parcelles inférieures à 25 hectares où il n’y a tout simplement aucune règle réelle si ce n’est l’obligation de faire une déclaration en cas de coupe rase de quatre hectares d’un seul tenant (sic).
La forêt privée représente 74 % de la surface forestière française avec ses 12,2 millions d’hectares dont 11,8 millions d’hectares sont à vocation de production… On vous laisse faire le calcul en nombre de terrain de football, les chiffres sont assez parlants comme ça !
Actualité
Le Parc Naturel du Morvan a engagé un bras de fer sur le sujet avec les services de l’État et qui mérite d’être suivi et soutenu. En effet le Parc souhaite pouvoir avoir un droit de regard et réguler les coupes rases sur le territoire qu’il gère, mais les services de l’État et la région Bourgogne-Franche-Comté lui refusent fermement…
Au point de menacer le Parc de lui retirer toutes ses subventions.
Et pourquoi ne pas aller plus loin ?
Le mode de gestion global de nos forêts peut encore largement faire l’objet de questionnements. Il existe par exemple déjà plusieurs cadres favorisant ce que l’on appelle les îlots de sénescence.
Ces îlots consistent en la sélection d’un ou plusieurs arbres par hectare de forêt. Ces arbres, une fois dûment marqués pour que tout un chacun sache et se rappelle qu’ils sont particuliers, seront laissés à leur entier cycle de vie. Non seulement ils ne seront pas coupés, mais en plus ils vieilliront jusqu’à ce que mort s’en suive… Mais pas que ! Ils auront aussi une vie après la mort et seront laissés tels quels pour servir de repas à la forêt dans son entièreté.
Une bonne idée qui mérite largement de se généraliser… Et d’être appuyée par bien d’autres déjà existantes ou expérimentées mais qui restent malheureusement encore marginales.