Avez-vous déjà entendu parler du « Ghost Fishing », ou pêche fantôme ? Il ne s’agit pas d’un type de pêche qui se ferait à minuit, mais de bateaux laissés à l’abandon ou bien perdus lors de tempêtes ou d’accidents. Bien que sans équipage, ces navires dérivants ou pas peuvent continuer de pêcher, provoquant un réel impact sur l’environnement marin.
En s’engageant auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à faire marquer les équipements de pêche, plusieurs pays espèrent rendre les océans plus propres, la navigation plus sûre et lutter contre la pêche illégale.
Cette mesure est d’autant plus intéressante et d’actualité que les problématiques de filets de pêche dérivants donnent lieu à des scènes de plus en plus choquantes. C’est ainsi que 300 tortues de mer ont été retrouvé mortes dans un seul filet dérivant à Mexico en août 2018(1).
« Ghost fishing » : des bateaux fantômes qui continuent de pêcher
Laissés à l’abandon et sans aucune surveillance, les bateaux fantômes continuent de pêcher des poissons. Problème : les poissons attrapés sont pris au piège puis meurent, attirant ainsi les charognards qui meurent à leur tour, pris dans les filets. Un vrai cercle vicieux ayant des répercussions extrêmement nocives sur les stocks de poissons, mais que l’on voit apparaître aussi avec d’autres espèces.
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Tous les ans, au moins 640.000 tonnes d’équipements de pêche seraient laissées à l’abandon dans les océans. Fabriqués principalement en plastique, ils deviennent des débris et rejoignent les 8 millions de tonnes de déchets plastique déversés dans nos océans chaque année, et dont 10 % sont issus du secteur de la pêche(2).
Dans l’Océan Pacifique, on estime désormais à 46 % la part que prennent les filet de pêche dans la pollution plastique ! En outre, 30 % du déclin des stocks mondiaux de poissons seraient dus à ces filets abandonnés. 70 % des animaux morts par étranglement le seraient à cause de ces mêmes filets.
Océans plus propres, navigation sécurisée et lutte contre la pêche illégale
Le problème de la « pêche fantôme » a été soulevé pour la première fois en avril 1985, lors de la 16ème session du Comité des pêches (COFI) de la FAO. L’objectif de cette agence spécialisée des Nations Unies qui compte 194 pays membres, est d’éliminer la faim dans le monde.
Le 9 février 2018, une étape dans la lutte contre la pêche fantôme a néanmoins été franchie. En effet, plusieurs pays se sont mis d’accord sur un ensemble de directives visant à marquer l’équipement de pêche. Par ailleurs, la confirmation du COFI est attendue en juillet 2018. La FAO nourrit plusieurs espoirs avec ces directives : des océans plus propres, une navigation plus sûre mais pas seulement.
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En effet, selon M. Árni M. Mathiesen, sous-directeur général de la FAO pour les pêches, « Marquer correctement les équipements de pêche est un moyen efficace d’améliorer la gestion des équipements dans son ensemble, de prévenir l’abandon, la perte ou le rejet et facilitera la récupération des équipements perdus, ainsi que l’identification des opérations de pêche illégale ».
Marquage des équipements : une aide pour la pêche artisanale
Même si ces directives ont été conçues pour avoir une portée mondiale, la FAO et ses pays membres reconnaissent qu’elles devront s’accompagner d’une aide auprès des pays en développement où se pratique la pêche artisanale. Dans ces régions du monde, la plupart des ports ne possèdent pas d’installations permettant de se débarrasser des équipements de pêche.
Ainsi, « les contraintes liées au marquage de l’équipement devront prendre en compte les conditions et les besoins locaux. La FAO a déjà lancé plusieurs projets pilotes pour résoudre ces problèmes ». On sait déjà que les premiers retours de certains projets sont positifs.
Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Partout à travers le globe, des épaves intéressantes pour les coraux à long terme, mais mortelles pour les poissons, pour l’instant © Mc 243