Le glouton (Gulo gulo), aussi appelé Carcajou est un animal totalement adapté à son milieu, à savoir la taïga et la toundra d’Amérique du Nord et d’Eurasie. C’est donc sans surprise qu’il se retrouve désormais confronté au réchauffement climatique qui menace tous les endroits froids du globe. Zoom sur l’un des carnivores le plus mal connu au monde.
Le glouton, un mammifère fait pour le froid
Malgré sa ressemblance avec l’ours, il appartient à la famille des mustélidés, comme le sont le putois, le furet, la belette ou la loutre, dont il est le plus grand représentant. Évoluant dans les milieux froids, notamment en Amérique du Nord, toute son alimentation et sa physionomie sont le fruit d’une longue évolution dans ces milieux.
Grâce à son odorat très développé, il peut détecter de très loin la nourriture ainsi que la présence humaine. Courageux et rusé, mais d’un naturel très méfiant, le glouton peut cependant être particulièrement agressif surtout lorsqu’il se sent menacé par d’autres animaux.
Capable d’ingérer de la nourriture gelée sans que cela ne lui pose de problème de digestion, cet animal solitaire et farouche est également omnivore et se nourrit donc de tout ce qu’il peut bien trouver pour survivre.
Mais ce qui lui permet surtout et avant tout de survivre toute l’année, c’est son régime de charognard.
En effet il est capable d’ingurgiter de grosses quantités de viande prélevées sur des carcasses d’animaux morts qu’il défend avec ferveur, parfois même avec succès contre des loups ou des ours ! Il est également suffisamment fort pour traîner des carcasses sur une longue distance…
Les dangers qui guettent le glouton
Tout spécialement adapté aux habitats ayant un climat froid tout au long de l’année, le réchauffement climatique fait perdre aux populations de gloutons des surfaces favorables de plus en plus grandes.
On estime que son territoire pourrait se réduire d’un tiers d’ici à 2050 et de deux tiers d’ici à 2100.
Habitat – Là aussi c’est chaud pour l’espèce
Le territoire moyen d’un glouton, animal qui parcourt en moyenne 40 kilomètres pour se nourrir, s’étend tout de même sur 1.500 kilomètres carrés. La présence humaine couplée au réchauffement climatique font non seulement disparaître ses terrains de prédilection, mais les fragmentent aussi.
Il n’est donc plus possible d’imaginer de grandes « réserves » pour le sauver étant données les surfaces colossales dont une population entière de gloutons a besoin.
À présent, il s’agit d’apprendre – très rapidement – à mieux connaître ses modes de déplacement, d’alimentation et de reproduction pour arriver à connecter de manière efficace toutes les zones où les gloutons évoluent encore.
Le plus grand prédateur du glouton ? L’humain !
À force de subtiliser les appâts ou les animaux pris au piège des trappeurs, piller et souiller de ses urine, sécrétions provenant de ses glandes à musc et excréments, les caches de nourriture ou encore mettre le désordre dans les campements, ce vorace nécrophage et opportuniste s’est fait une mauvaise réputation après des humains. Sauf sa fourrure brillante d’une grande valeur, qui alimente un commerce illicite.
On estime la population de gloutons à l’état sauvage à environ 2.000 en Europe dont 1.500 en Russie et 200 en Finlande. Les chiffres pour l’Amérique du Nord sont inconnus mais il tend à se faire rare au Canada, et ne survit plus que dans quelques états américains. Les derniers gloutons se sont réfugiés dans les régions les plus inhospitalières.
L’espèce figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) en tant qu’espèce vulnérable.
Sans un vaste et ambitieux programme sur le sujet et une mise en place rapide de mesures efficaces, les populations éclatées de gloutons vont devoir faire face à un appauvrissement génétique qui a toujours sonné le glas des espèces qui ont dû y faire face.
Illustration bannière : Glouton évoluant dans une forêt arctique © Martin Mecnarowski