Pendant longtemps seules les menaces découlant des pratiques agricoles pesaient sur le Grand Hamster d’Alsace (augmentation des surfaces exploitées, techniques culturales, monocultures, etc.)… Avec le temps cependant, l’urbanisation a aussi commencé à jouer un rôle dans la régression des populations de cette espèce. Et arriva le GCO (Grand Contournement Ouest de Strasbourg), ce grand projet autoroutier français menaçant de détruire une bonne part de l’habitat du Grand Hamster.
Qui est vraiment le Grand Hamster d’Alsace ?
Le Grand Hamster d’Alsace (Cricetus cricetus) est une espèce de rongeur bien particulière et que l’on trouve encore dans nos contrées françaises. Relativement grand, pesant jusqu’à 600 grammes, passablement caractériel, ou encore seul rongeur ayant un pelage ventral noir de jais, nous pouvons avoir le sourire que de réussir à maintenir une si belle espèce dans nos champs !
Son comportement de défense est lui aussi tout à fait propre à l’espèce. Sous la menace, le Grand Hamster d’Alsace se dresse sur ses pattes arrières, écarte ses pattes postérieures pour mieux montrer son étonnant pelage noir afin d’impressionner, gonfles ses abajoues d’air pour doubler le volume de sa tête et pousse des cris stridents.
Il a eu cependant beau faire jusque-là, rien n’a arrêté le chantier autoroutier du GCO qui risque bien à terme de faire disparaître ses plus belles terres !
Et qui est donc le GCO ?
Le Grand Contournement Ouest de Strasbourg est le dernier grand projet autoroutier français, mené par une filiale du groupe Vinci. Le projet est vieux, les premières discussions sur le sujet datant de 1973. Comme tout vieux projet controversé, il devient difficile de trouver où est la légitimité administrative et juridique des uns et des autres sans même parler de la légitimité de terrain.
Une enquête publique conduit à un rejet du GCO, un préfet donne son accord au chantier, le syndicat des avocats de France dénonce « une atteinte intolérable au principe du recours »… et les citoyens s’y perdent… autant que les espèces en danger.
Pourquoi sauvegarder le grand hamster ?
Dans un monde où la biodiversité s’effondre massivement et où on commence à peine à intégrer qu’il nous reste énormément à apprendre sur les écosystèmes, laisser une espèce de plus disparaître semble décalé.
Mais au-delà du concept de base que la disparition d’une espèce peut avoir des conséquences que l’on ne peut que difficilement savoir à l’avance (exemple : aux États Unis le retour du loup a limité les populations de wapitis ce qui a permis le retour de luxuriantes forêts) le Grand Hamster d’Alsace est aussi et surtout ce que l’on appelle une « espèce parapluie ».
En effet, la protection à long terme de ce rongeur passe forcément par la sauvegarde – comme bien souvent, de son milieu. Hors, dans l’écosystème du Grand Hamster d’Alsace, évolue tout un tas de monde (le crapaud vert classé « En Danger » en Alsace, le papillon Cuivré des marais « Quasi menacé », le papillon azurés des paluds « Vulnérable », etc.) qui n’a pas plus d’intérêt à l’arrivée du GCO que lui.
Ça a marché pour la cigogne !
Espèce particulièrement menacée dans les années 80, la population de cigognes d’Alsace est passée d’une trentaine de couples en 1987 à près de 800 en 2015. L’association de protection et de réintroduction de la cigogne a même été dissoute en 2016, l’espèce étant sauvé.
Des panneaux indiquent leur présence dans les communes, les vins d’Alsace en ont fait leur blason notamment à l’export et bien d’autres démarchent valorisent la présence de cet oiseau. C’est vraiment à se demander pourquoi il n’en va pas de même avec le Grand Hamster !
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