Selon Oxfam, les producteurs subissent des pressions par les grandes enseignes qui leur font réduire leurs coûts pendant qu’elles s’enrichissent. L’ONG publie une étude basée sur l’évolution, durant vingt ans, des prix pratiqués par la grande distribution auprès des agriculteurs sur un panel de douze produits de consommation.
Oxfam dénonce les pressions de la grande distribution sur les agriculteurs
Oxfam dénonce le fait que les supermarchés profitent de leur puissance d’achat pour réduire les prix et faire pression sur les agriculteurs, dans une étude internationale publiée jeudi 21 juin 2018 et intitulée « Derrière le code-barres : des inégalités en chaînes »(1). Selon l’ONG, les producteurs gagnent toujours moins depuis 20 ans, et ce, en France, mais aussi dans le reste du monde, alors que la grande distribution multiplie les bénéfices.
Pour parvenir à ce constat, l’ONG s’appuie sur une analyse de l’évolution durant vingt ans des prix payés aux agriculteurs par la grande distribution sur un panel de douze produits de consommation courante. Elle résume la situation ainsi : « La grande distribution est devenue la gardienne du commerce alimentaire mondial ». Puis elle pointe du doigt les « pressions continues » subies par les producteurs pour « qu’ils réduisent leurs coûts » alors que ces derniers doivent dans le même temps répondre à « des exigences de qualité des plus rigoureuses ».
La grande distribution s’enrichit pendant que les producteurs s’appauvrissent
Dans son introduction, l’ONG fait le parallèle entre les « millions de femmes et d’hommes qui produisent la nourriture que nous consommons et touchent un salaire ne leur permettant pas de se nourrir correctement » et « l’industrie agro-alimentaire (qui) engrange toujours plus de bénéfices ». Pour pouvoir alerter au mieux, l’ONG prend des exemples concrets et très parlants comme celui du kilo de crevettes de Thaïlande, vendu en France en 2015 à 15,68 euros alors que le pêcheur n’a touché que 48 centimes.
En 2015 en France, près de 78 % des ventes de produits alimentaires pour la consommation proviennent des hypermarchés, supermarchés ou supérettes des grandes enseignes (ce qui représente 135 milliards d’euros) et selon l’autorité de la concurrence, à elles seules, 5 centrales d’achat (qui appartiennent à ces enseignes) ont une influence sur 90 % des achats des produits en rayon : elles sont donc devenues les principaux intermédiaires entre producteurs, industriels et consommateurs.
L’ONG cite cet exemple pour illustrer ses conclusions : « En France, Carrefour a versé en 2016, 57 % de ses 894 millions de bénéfices sous forme de dividendes à ses actionnaires. Si l’entreprise n’avait reversé ne serait-ce que 1 % de ce montant aux ouvriers vietnamiens dans le secteur de la transformation de la crevette, plus de 14.000 d’entre eux auraient pu accéder à un revenu vital ».
L’explosion des inégalités constitue un des défis majeurs de ce début de 21ème siècle. Cette injustice menace les sociétés et les économies, et doit être combattue de toute urgence par les gouvernements : signons la pétition
Illustration bannière : les enseignes de grande distribution creusent les inégalités – © non c
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