consoglobe.com – Les thématiques agriculture et alimentation durable sont davantage présentes dans vos campagnes désormais. Les États généraux de l’alimentation (EGA) qui se sont tenus de juillet à décembre 2017, sont-ils à la hauteur des enjeux ?
Jean-François Julliard : a priori non, mais nous attendons de voir la concrétisation. Nous étions présents aux ateliers, avec deux chargés de campagne agriculture, et à travers une grande plateforme inter-associative, au sein de laquelle il y avait d’autres ONG, la Confédération paysanne ou des associations de consommateurs – comme l’UFC-Que Choisir. Cela nous a permis de mutualiser, car ce type d’événements mobilise beaucoup de ressources humaines et de temps. Des conclusions intéressantes sont ressorties des ateliers.
Les États généraux de l’alimentation se sont conclus par des arbitrages : un projet de loi, 30 plans de filière et cinq plans d’actions, en lien avec la protection de l’environnement. Le ministère de l’Agriculture a présenté un projet de loi au Conseil des ministres ce 31 janvier… Il nous semble que la question dépasse les seules relations commerciales, qui sont bien entendu un enjeu essentiel pour redonner une juste valeur à la production agricole. Ce qui relève de l’ordre des impacts de l’agriculture sur la santé, l’environnement, le climat semble avoir disparu. Si c’est le cas, cet événement n’aura servi à rien. Je me suis rendu à la journée d’ouverture et à la clôture. Le fait que Nicolas Hulot soit absent à la clôture n’était pas un signe encourageant. Il nous semble que ce ne sera pas une révolution du modèle agricole…
consoglobe.com – Pourriez-vous nous parler de votre enquête sur les cantines scolaires ?
Jean-François Julliard : Greenpeace travaille sur la question de l’élevage, en particulier la surconsommation de protéines animales dans notre alimentation du quotidien [NDLR : À lui seul, l’élevage industriel est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial]. La restauration collective est un acteur majeur de ce secteur : plus d’un milliard de repas sont servis par an, de la maternelle au lycée.
Nous avons décidé de travailler sur les cantines scolaires car il n’y a pas de base de données sur ce que mangent nos enfants, en France. Nous avons donc lancé un appel à nos militants, au grand public, aux associations de parents d’élèves (etc.), pour nous aider à récolter des informations : combien de fois par mois la viande est-elle servie ? Combien de fois y a-t-il du poisson ? Quelles sont les alternatives végétales ? Combien de fois des repas bio sont-ils proposés ?
Notre impression, c’est qu’il y a une surconsommation de protéines animales – et pas seulement de viande, dans les menus des enfants, entre deux et six fois plus que les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation. En maternelle, les besoins en protéines sont assez faibles [NDLR : entre 12 et 16 grammes par jour]. Par exemple, un repas où on retrouve de la viande, mais aussi du fromage et souvent en plus, un yaourt apportera trop de protéines. Sans compter parfois sur les protéines végétales associées, comme les céréales ou les légumineuses. En plus de l’impact sur leur santé, il y a un réel impact écologique et climatique. Cette surconsommation entraîne la déforestation pour la production de céréales qui sert à nourrir le bétail.
Lire page suivante : le bilan et les projets de l’ONG