Après TotalEnergies en mars 2022, c’est aujourd’hui le tour des marques Adidas et New Balance d’être attaquées en justice pour leur communication mensongère en matière environnementale.
Baskets New Balance : l’incorporation de matière recyclée est minime, loin des 50 % annoncés
Les marques de mode essaient d’apparaître plus respectueuses de l’environnement qu’elles ne sont vraiment. Aujourd’hui, l’ONG Zero Waste France s’attaque à deux d’entre elles, Adidas et New Balance. Et les constats sont ahurissants : au sein de sa gamme de produits « Green leaf » (351 produits en tout), elle promet la présence « à 50 % ou plus » de matériaux issus « de sources privilégiant l’environnement ». Et pourtant, au sein de cette gamme, on trouve les baskets « 574 Core » avec une semelle extérieure contenant seulement 5 % de matières recyclées.
Adidas annonce quant à lui « 50 % de matériaux recyclés » au sujet de ses baskets « FutureCraft Footprint ». Mais si l’on regarde de plus près, les petites lignes indiquent que seule la tige de la chaussure (dont on ne sait pas quelle proportion du produit elle représente) est en réalité composée pour moitié de matière recyclée. Idem pour les chaussures « 574 Core unisexe » de New Balance, dont seules les mailles de l’empeigne (partie supérieure de la chaussure), du col et de la languette sont composées de polyester recyclé.
Et pourtant, les messages environnementaux véhiculés par les marques sont forts : les baskets « FutureCraft Footprint » sont vendues comme un moyen de « préserver la planète ». Message amplifié par des slogans tels que « Made to be remade » (« Fait pour être réutilisé ») et « End plastic waste » (« Mettons fin aux déchets plastiques »).
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Les pratiques commerciales trompeuses en matière environnementale, un sérieux délit
Zero Waste France estime que ces allégations environnementales mensongères sont de nature à induire les consommateurs et consommatrices en erreur sur l’impact environnemental des produits et les engagements environnementaux des marques. Zero Waste France fait valoir qu’il s’agit de pratiques commerciales trompeuses, interdites par la loi française (articles L. 121-2 et suivants du Code de la consommation). Le point 1 e) de l’article L121-2 stipule en effet qu’une pratique commerciale est trompeuse si elle repose sur des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur en matière d’impact environnemental et de portée des engagements de l’annonceur, notamment en matière environnementale. Ce délit est passible d’une peine de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 300.000 euros, augmentée si la pratique concerne des arguments environnementaux.
Battant en brèche les arguments déculpabilisants de ces deux marques, l’ONG rappelle que le recyclage ne peut pas se faire à l’infini : la fabrication de nouvelles baskets implique forcément l’incorporation de matière vierge. En plus, pour produire des baskets en matière recyclée, il faut forcément d’abord produire d’autres produits plastiques en plastique vierge… Ainsi, l’argument de l’achat de produits en plastique recyclé en guise d’une bonne action pour l’environnement ne tient pas. En plus, le recyclage d’un produit devient le plus souvent impossible lorsque la matière plastique recyclée est mélangée à d’autres matières – ce qui est presque systématiquement le cas concernant les baskets.
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