À l’occasion de la Journée internationale de la forêt, hier mercredi 21 mars, Greenpeace a dévoilé l’existence d’un vaste trafic de bois exotique. Selon l’organisation, la France importe massivement du bois illégal d’Amazonie, au Brésil.
Importation massive de bois d’Amazonie de la part d’entreprises françaises
Greenpeace est sur tous les fronts. Après avoir alerté sur le sort du krill en Antarctique, voici l’organisation de défense de l’environnement de retour sur terre. Elle dénonce l’importation massive de bois en provenance d’Amazonie. Il s’agit plus précisément du bois d’ipé, un grand arbre très robuste. Il résiste aux insectes, à l’humidité, au soleil.
Au Brésil, couper ces arbres est autorisé mais dans certaines zones précises, où sont menées des actions de replantage.
La France impliquée dans un trafic de bois d’ipé !
En France, ce bois exotique sert à fabriquer des terrasses extérieures, des parquets ou des meubles. Selon Greenpeace, ce sont au total 21 entreprises hexagonales qui importent régulièrement du bois coupé illégalement, et contribuent donc à faire disparaître l’Amazonie(1). L’association cite Ets Pierre Robert & Cie, ISB France, SAS Peltier, la Société atlantique des bois importés et la Compagnie européenne des bois…
Pour parvenir à ces conclusions, Greenpeace a épluché plus de 500 certificats d’exploitation. En les décortiquant, l’association y a constaté des fraudes. Les volumes de bois déclarés ne correspondent pas aux surfaces. Au final, des forestiers, en Amazonie, vont le chercher dans la forêt protégée, là même où c’est interdit. Puis ils le vendent à des compagnies occidentales.
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Un système sophistiqué de blanchiment
La France n’est pas la seule. En effet, ce nouveau rapport de l’ONG recense également des compagnies américaines, portugaises, belges et néerlandaises comme principaux clients des exportateurs brésiliens vendant ce bois et évoquent des preuves d’activité illégale.
Greenpeace dénonce en effet l’existence d’un système sophistiqué de blanchiment, géré par des exploitants forestiers brésiliens et des agents de l’État corrompus, afin de couper plus que la quantité autorisée de cet arbre majestueux, tout en obtenant les documents officiels d’exportation.
L’ipé peut atteindre 30 à 40 mètres de haut et fournit l’un des bois les plus denses et durs de la planète. Mais puisque cet arbre est présent de façon éparse dans toute la forêt, sa coupe est souvent synonyme de dégâts collatéraux : de nombreuses autres espèces sont aussi détruites.
Et si ce bois intéresse tant les entreprises, c’est parce qu’il est vendu 2.500 dollars par m³ à l’exportation. Selon Greenpeace, des entreprises américaines en ont importé 10.171 m³ entre mars 2016 et septembre 2017. Sur la même période, 11 pays de l’Union européenne en ont acheté, ensemble, 9.775 m³.
Pour rappel, selon les chiffres du gouvernement brésilien, entre août 2016 et juillet 2017, le taux de déforestation aurait chuté de 16 % en Amazonie, par rapport à la même période un an plus tôt. Il s’agit de la première baisse en trois ans. Malgré cette bonne nouvelle, le niveau de déforestation reste énorme, avec 6.624 km².
Or, chaque morceau de forêt ainsi arraché, réduit l’habitat de la faune et la flore tropicales et nous prive aussi un territoire précieux pour compenser les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre pour le réchauffement climatique.
Illustration bannière : Un ipé rose en fleurs – © Roberto Tetsuo Okamura
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